Je pourrais écrire un roman sur le sujet. Une longue relation d’amour-haine. J’ai d’abord pensé vous raconter le pourquoi du comment, ou vous faire quelques chapitres condensés et représentatifs de l’ensemble. Je pense que ce qui s’applique le mieux ici est la formule «liste», que je vous offre en version complémentaire:
AMOUR
J’aime les jolies choses. Il y en a tout plein, là!
J’aime les trucs de déco, les cadres (bis). Il y en a re-tout plein.
J’aime me promener dans les pièces d’appartement au 2e et trouver ça beau (ou pas très beau, parfois). J’aime également l’exprimer!
J’aime y découvrir de nouvelles affaires!
J’aime y aller avec mon amie Julie Pwune, pcq c’est le fun, et que parfois elle relève même les paris que je lui lance.
J’aime trouver LA chose dont j’avais besoin, qui me manquait, sans laquelle ma vie n’avait plus de sens, apparemment (et si je me fie à l’ampleur de mon enthousiasme).
J’aime le papier d’emballage et les rubans.
Mon ami François dirait que je n’ai pas assez exprimé mon amour des cadres IKEA. Alors je réitère: j’adore les cadres IKEA!
J’aime les grosses pantoufles plates et presque rondes, assez bizarres somme toute! Mais je ne les aime pas personnellement. C’est parce que Julie L les aime, ainsi que mon papa.
J’aime y aller quand il n’y a presque pas de monde et que j’ai tout mon temps pour flâner et en profiter.
J’adore les serviettes de papier (nos fameuses «napkins») et les chandelles.
J’aime même (et beaucoup, je l’avoue) les boulette suédoises, la sauce brune, les canneberges suédoises et le petit gâteau DAM.
J’aime les lampes.
J’aime réussir à monter l’objet de ma convoitise, une fois revenue chez moi, à la sueur de mon front, avec l’énergie de ma joie et la satisfaction de ma débrouillardise (et, avouons-le, grâce à ma chance, plus souvent qu’autrement).
J’aime les coussins, et aussi les rideaux.
J’aime les noms farfelus des objets, les seuls que je connaisse qui puissent battre en fantaisie (ou en non-sens) ceux des rouges à lèvres et fards à paupières (encore là, comme c’est suédois, est-ce qu’ils les battent vraiment!?!).
J’aime les gros hot-dogs croquants (quand je suis trop pressée), n’en déplaise à mon frère, Philippe!
J’aime arriver à la caisse et trouver une ouverture (fort inattendue) puis savoir que ça me coûte vraiment pas cher pour PLEIN de jolies affaires.
J’aime quand le personnel est gentil, et a le sens de l’humour (un must). En fait, j’aime surtout quand ils comprennent MON humour et l’apprécient!
HAINE
Je n’aime pas me créer mille et un besoins obscurs et non-essentiels.
J’aime encore moins m’en convaincre!.
Je n’aime pas parcourir tout le magasin, de haut en bas, et arriver au libre-service, dans ma rangée, ma section, le cœur battant, pour constater que mon item est en rupture de stock (à marde).
Je n’aime pas y aller à la recherche d’un objet indispensable, en vain; Je n’aime pas non plus et à l’inverse le trouver, mais qu’il soit dispendieux.
Je hais aller chez IKEA, trouver LA chose, avoir toutes les misères du monde à la rapporter chez moi, saine et sauve… pour constater, selon: qu’il me manque un morceau; que la dite CHOSE n’est pas ce que je croyais qu’elle était au départ; que la dite CHOSE ne convient pas du tout au sort que je lui réservais; que je n’ai pas eu la bonne info et que les caractéristiques de cette CHOSE, une fois trop tard, s’avèrent erronées ou inadéquates.
Je n’aime pas arriver à la caisse avec seulement trois petits articles, mais qui me coûtent super chers (mettons!).
Je n’aime pas aller là et perdre subitement la voix (longue histoire!).
Je déteste arriver à la caisse, en fait en plein milieu de l’entrepôt, en bas, pcq c’est la longueur de la ligne pour la caisse.
Je hais parcourir le magasin à la recherche d’un objet précis et, en arrivant devant le présentoir, me buter sur la chipie (ou le chipi) qui empoigne justement le dernier exemplaire, sans trop d’entrain, en plus. Je pourrais devenir méchante, voire le ou la taper. Mais je ne le fais pas.
Je déteste revenir chez moi avec un savant objet à construire de toutes pièces, mais dont la réalisation demande, soit: une force herculéenne, un outil qui me manque ou pire, une tite maudite visse qui manque aussi (au carré, quand ce n’était même pas indiqué dans les instructions).
Je déteste également les plans qui sont trop compliqués, ou qui comportent de minuscules informations (mais très importantes, au final), dont je découvre l’existence seulement une fois l’affaire presqu’achevée… mais visiblement mal montée (lâ, je vous ai fait la version polie!).
Conclusion: j’aime IKEA et aller chez IKEA, la plupart du temps. Mais, parfois, comme pour toute chose, certains points négatifs surgissent. Je n’ai qu’à ne pas y aller, me direz-vous!?! Et vous avez raison! Mais, comme pour plusieurs autres mystères de la vie, je ne puis m’en empêcher. Ça me fait du bien. Un peu comme une visite chez le coiffeur ou trouver un joli vêtement. Alors je vais continuer d’y aller, tout simplement. Qu’est-ce que c’est l’expression??? Qui a bu, boira?
En terminant, j’aime aussi les deux IKEA (Montréal et Boucherville), mais je préfère celui de Montréal. Que voulez-vous, je suis montréalaise et puriste. HA!
Le coeur a ses raisons
Hmmmm. Certaines choses s’expliquent difficilement. Et la compréhension que nous en avons est donc proportionnelle à cet état de fait. Le cœur a ses raisons fait un peu partie de ces mystères, pour moi!
J’adore Marc Labrèche. Idem pour Anne Dorval. Et j’aime beaucoup Pascale Bussières, James Hyndman, Michèle Deslauriers, Patrice Coquereau, Sophie Faucher. J’aime cette émission, pour son côté absurde, parodique à l’extrême. Pour l’imagination débordante qui est à sa source. Pour l’exploit que représente certainement, pour les comédiens, le fait de proférer et d’enregistrer de telles sornettes. Qu’est-ce que j’en serais incapable! C’est tellement nono, parfois, comment font-ils pour garder leur sérieux??? (en fait ils ne le gardent pas, mais réusissent quand même à passer leur texte et leur point -ou manque de point, justement! chapeau!).
Ce qui maintient mon intérêt, c’est la façon de nous surprendre de fois en fois. Il y a bien sûr certains «patterns» -pour mon plus grand plaisir!-, et pour chacun des personnages. Parfois on rit parce ce qu’on sait exactement ce qu’ils vont dire ou faire, même si c’est complètement con, c’est justement ce qui est si drôle. Parfois encore, survient un événement, une réplique ou un clin d’oeil qu’on attendait tellement pas et c’est tout aussi (sinon plus) drôle.
Mais vraiment, ce qui m’étonne le plus, c’est que je suis cette émission avec intérêt et plaisir. Ça me fait vraiment rire! Normalement j’ai besoin d’un peu plus de subtilité, de nuances pour m’esclaffer. Je ne ris pas toujours, les gags tombent parfois un peu à plat. Mais en gros, ça le fait pour moi. C’est tout de même fascinant, quand on y pense, qu’un tel spectacle existe et soit diffusé à la télé. C’est tout aussi rafraîchissant que fascinant, d’ailleurs. Et rassurant, en un certain sens, en ces temps pauvres (oserais-je navrants?) de surabondance de télé pseudo-réalité.
Oui, on le sait, trop c’est comme pas assez. Mais je pense que beaucoup trop ne peut se comparer à vraiment pas assez, parce que ce genre de délire collectif et de parodie ne pourrait être possible autrement. HA! je tiens peut-être quelque chose, là!?!
Bravo pour l’imagination et les efforts, qui manquent terriblement à la télé en ce moment à mon humble avis. Bravo pour le courage, la folie. Bravo d’avoir osé et surtout, Bravo pour les délirantes prestations. Si le ridicule tuait, je n’aurais pu ni commettre, ni signer ce billet!
Réal.: Alain Chicoine, textes: Marc Brunet, TVA, 2004-2005.
Depuis qu’Otar est parti
Vous aimez déguster un cappuccino en regardant par la fenêtre d’un café, un jour pluvieux d’automne? La vue d’un enfant qui court vers son papa, en riant aux éclats? Une belle ondée rafraîchissante, après un après-midi de canicule? Vous aimez vous retrouver derrière un couple qui ressent subitement le besoin de s’enlacer et se donner un petit baiser, distraitement, sans raison apparente? Si vous avez répondu oui à l’une (ou plusieurs) de ces questions… je crois que vous aimerez ce film!
Quand on habite très loin, dans un petit coin tranquille et un peu perdu de Georgie, qu’on a pas grand-chose mais que ça nous suffit, puisque c’est comme ça, que le climat est plutôt arride et l’argent, trop rare… qu’est-ce qu’il nous reste? Il nous reste les liens, ceux d’amour et ceux du sang, les plus forts. Ceux de trois générations, en commençant par Ada, puis sa mère Marina et sa grand-mère, Eka. Des femmes simples, colorées, courageuses, généreuses, qui s’aiment beaucoup, même si elles se le démontrent parfois de drôle de façon. Mais tricotées serrées, comme on dit. Habitant toutes sous le même (petit) toit. Avec, entre elles, une tendresse infinie.
L’histoire est celle de ces trois femmes, dont l’oncle/le frère/le fils (Otar), parti gagner sa vie à Paris, envoit régulièrement des lettres, au plus grand bonheur de celles-ci et de Eka, plus particulièrement. Quand il meurt subitement, Ada et Marina décident de ne pas le dire à Eka, de peur qu’elle ne le supporte pas. Elle feront donc comme si. Jusqu’au jour où Eka décide d’aller à Paris voir son fils, une dernière fois. Improvisation et revirement de situation. Et comme le veut l’expression, les pommes ne tombent jamais bien loin de l’arbre, réalise-t-on!
Les trois comédiennes forment un fantastique trio. Elles sont merveilleuses, attachantes. On croirait presque un documentaire, par moment. L’aînée, qui joue Eka, a 88 ans. Elle est incroyable! On a envie de l’avoir pour grand-mère, nous aussi, même pour un instant!
La réalisation est simple, tout en douceur, réaliste, dénudée d’artifices mais remplie de sincérité, de tendresse, de spontanéité. Un projet sur mesure, on dirait, tant pour la réalisatrice que les comédiennes.
Réal.: Julie Bertuccelli, France/Belgique, 2003.
P.S. Si vous avez envie (et un peu de temps) après le film, regardez le «making of». Une histoire d’amour, remplie de portraits de famille, aussi jolie que le film lui-même…
Mar Adentro (La mer intérieure)
C’est le récit tiré de la vie de Ramón Sampedro, un espagnol qui passa 28 ans de sa vie cloué à son lit, suite à une mauvaise chute qui le laissa tétraplégique, en attendant et réclamant de toutes ses forces le droit au suicide assisté (de façon légale), puisqu’il ne pouvait vraisemblablement le faire lui-même. Il entama un long combat juridique pour lui-même, mais aussi pour aider tous ceux qui souffrent comme lui, sans issue possible, et choisissent de mourir. «La vie est un droit, pas une obligation. Comme la mort.», dira-t-il.
Un film, ou plutôt un hymne à la liberté totale et inconditionnelle, celle de vivre ou d’arrêter de vivre, dans la dignité, quand cette vie m’a plus de sens ou de signification propre.
Un hymne tout en douceur et en humanité. Qui ne prend pas partie mais qui raconte une histoire vraie, difficile et touchante, de magnifique façon. Les images sont belles à pleurer (pas seulement les images, soit dit en passant…!). La musique vient envelopper le récit et les paysages comme une brise toute chaude au retour de l’été.
Tous les acteurs sont formidables, criants de vérité et de simplicité. Ici, pas de chichi, pas de flafla, tout est dit simplement, ou à travers le regard. Bien sûr, j’ai une mention toute spéciale pour Ramón, le personnage principal joué par Javier Bardem (magistral), mais aussi pour son neveu et sa belle-soeur qui sont tellement vrais et émouvants.
Amant de la musique et de la poésie, ses seuls refuges, Ramón voyage dorénavant à travers celles-ci, nous entraînant avec lui. Le rythme lent, presqu’engourdi, un peu à l’image (obligée) du principal protagoniste, nous mène doucement à travers le film, comme la douloureuse mais obligatoire réflexion qu’il suscite sur ce grave débat.
J’ai beaucoup aimé qu’on ne juge pas, en nous présentant tous les déchirants côtés d’une si complexe médaille, si je peux m’exprimer ainsi. Personne n’a tort ni raison, chacun a une opinion et/ou respecte simplement celle de l’autre. Ou s’oppose, s’insurge, au nom de l’amour ou de la vie même. Peu importe en fait, ça nous fait réfléchir. Et c’est vraiment déchirant, bouleversant.
Réal.: Alejandro Amenábar, France/Espagne/Italie, 2004. C’est également lui qui signe la superbe musique et l’adaptation cinématographique de l’histoire.
Maman last call
Je n’ai pas lu le livre alors je ne peux comparer. Mais dans le film, le scénario m’apparait un peu éparpillé, disons. Va pour le couple qui hésite à avoir un enfant, va pour Alice, la journaliste et personnage principal, qui a peur de la maternité tout en la désirant viscéralement. Va pour sa mère, ses amis et les relations qu’ils partagent. Mais les querelles de bureau, les jalousies professionnelles, les coups d’éclat médiatiques, les vengeances, me semblaient exagérées et parfois même superflues.
J’ai aimé le côté réaliste, qui rejoint la situation actuelle de notre société, soit le grand questionnement d’avoir ou non des enfants, la place de notre carrière et de nos relations dans notre vie, l’égoïsme, aussi, ou la peur, peut-être?, celle du bien-être dans lequel nous vivons parfois et que nous ne voulons pas perdre. La problématique de l’âge dans tout ça. Tous des sujets intéressants à soulever et on ne peut plus d’actualité. Mais l’ensemble m’est souvent apparu comme beaucoup trop exagéré, caricatural. C’était peut-être le but, mais ça m’a un peu agacée. Heureusement, c’est souvent rigolo, ce qui aide.
Sophie Lorain est sûrement très très bonne dans ce rôle car elle a réussi à me rendre sympathique un personnage à la limite de la bêtise humaine et de l’hystérie (collective et individuelle). Elle me l’a même rendu attachante par moments. Bravo! Patrick Huard est bon, sobre, assez crédible. Mais ça doit être son passé de comique, car j’ai parfois un peu de misère à le prendre au sérieux. Je suis une inconditionnelle et elle ne fait pas exception ici non plus: Anne-Marie Cadieux est tellement drôle, délirante, émouvante dans son rôle de composition (en miss météo superficielle et nunuche). Un grand plaisir!
C’est un bon divertissement, bien réalisé, plutôt drôle, avec un bon rythme. J’aurais aimé un peu plus de nuances. Ce qui était peut-être et tout simplement trop éloigné de la nature mème de l’auteur, et de son histoire personnelle?
Réal.: François Bouvier, Québec, 2004, tiré du livre éponyme de Nathalie Petrowski.