Le week-end dernier, c’était la fête d’un de mes neveux, le beau Julien. Il y avait donc «fête au village», comme dirait mon père.
Et qui dit fête d’enfant, maintenant, dit également -afin de combler ceux-ci sans épuiser ni rendre fous les parents- un après-midi bien rempli dans un centre d’amusement. Clown et goûter inclus!
C’est justement ce sujet qui, contre toute attente (du moins la mienne, puisque je hais et j’ai peur des clowns), m’a fait tellement rire.
Mon petit neveu Charles, le frère du jubilaire, partage ma peur et mon dégoût des clowns. Mais je le jure, je n’ai rien à voir avec ça! En tous cas. Charles, qui avait donc été briefé sur la chose, semblait -contre toute attente,- plutôt à l’aise avec la dite clown (c’était une clown).
Quand je lui ai demandé comment il aimait la fête et s’il trouvait la clown gentille?… il m’a regardée et m’a confié, tout sourire: «Oui, j’ai pas peur. C’est pas une vraie clown, c’est déguisée!».
In-cro-ya-ble. Moi qui pensait que c’étaient tous des vrais. Enfin, j’ai compris. Maintenant, je n’aurai qu’à vérifier leur authenticité avant d’avoir peur et/ou de m’énerver. Super! Une bonne chose de réglée. Je peux enfin reprendre une vie normale (en espérant ne rencontrer que des faux, bien sûr).
Trop, trop joli!
Merci, Charles! (j’ai presqu’envie d’ajouter «merci, clown!», mais bon! n’exagérons rien, quand même, rien à voir!).
La Neuvaine
Je savais le sujet difficile, j’en ai eu pour mon argent! Mais je m’attendais également à de très belles prestations et là aussi, j’ai été bien servie.
C’est l’histoire d’une femme médecin très humaine qui a vécu une perte tragique et un grand deuil, lui-même doublé, comme si ce n’était pas assez, d’une grande impuissance. Qui rencontre sur son chemin une autre femme, victime de violence conjugale, avec son enfant, et qui décide, certainement sans même réfléchir à deux fois au danger bien réel d’outrepasser son mandat, de les aider. Et qui en ressortira encore plus blessée et détruite qu’auparavant. Comme quoi, malheureusement, il est parfois vrai qu’un drame n’arrive pas seul. Ou comme quoi rien, finalement, puisqu’aucune logique ne peut expliquer de tels drames. C’est d’ailleurs une autre grande force de ce film, l’absence de jugement et de morale. Le constat, seul. Et les sentiments écorchés, à fleur de peau. Intenses et purs.
Un film sur la douleur, la grosse douleur lourde et insupportable. Celle qui enlève le goût de continuer et qui ne peut apparemment se surmonter seul… ce qui rend bien évidemment difficle, par conséquent, l’acceptation de l’aide, si nécessaire soit-elle. Cercle vicieux oblige. Mais c’est aussi et surtout un film sur la générosité pure, la gentillesse, le don de soi. Sans oublier la simplicité et la culpabilité. Rempli d’humanité, quoi. Avec toute la force dont elle est capable, mais toutes les faiblesses qu’elle comporte aussi.
Les comédiens sont étouffants de vérité et de crédibilité. Patrick Drolet et la formidable, que dis-je, l’immense comédienne Élise Guilbeault. Je pensais avoir vu sa plus belle prestation avec la «Femme qui boit» (du même réalisateur). Cette fois encore, elle nous jette à terre, littéralement. Je reste marquée et impressionnée par ses regards silencieux mais si complets, si remplis de sens, d’émotions et bien sûr, d’insoutenable douleur. En contrepartie, Patrick Drolet y est doux, sobre, si touchant et attachant. Un beau contraste avec son imposante carrure.
Un film lent, sobre, très contemplatif. Qui parle de religion sans en parler vraiment. Qui parle surtout d’amour, de déchirure et d’aide. Celle que l’on donne, gratuitement, et celle que l’on reçoit, tout aussi gratuitement mais parfois avec force difficulté, malgré nous.
Réal.: Bernard Émond, Québec, 2005.
FIFM
Bon! Par où commencer? Difficile car d’abord, beaucoup -sinon tout- a déjà été dit et que dans mon cas, je n’ai réussi à faire coïncider que quatre films, au total, dans mon horaire.
J’énoncerai donc brièvement quelques impressions générales et sommaires. Je pense que c’est la seule chose que je puisse faire, en toute humilité et surtout en toute honnêteté, dans les circonstances.
D’abord, l’ensemble du programme proposé, qui me semblait un peu mince. Je ne peux parler de la qualité de toutes les œuvres, mais en nombre à tout le moins, pas une très grosse cuvée pour une première. Les films qui m’ont semblé les plus intéressants sont des grosses productions qui vont toutes sortir sous peu.
J’imagine que c’est (souvent) normal pour une première édition, mais l’achalandage était vraiment très bas, voire triste. Les films que nous avons vus étaient projetés à la Cinémathèque, au Quartier Latin et au St-Denis. Je pense que la projection la plus «remplie» a du accueillir 50 spectateurs maximum. Bien peu et certainement très insuffisant monétairement?
Sur les quatre films visionnés, j’en ai vu un bon, un film bulgare qui parle de la vie et des rêves d’enfants orphelins qui ne connaissent pas la peur («Lady Zee»), puis un très bon, un film argentin sur le malaise au sein d’une famille bourgeoise très proche («Geminis») ainsi que, à vie, le pire film imaginable (qu’en fait, que je n’aurais jamais pu imaginer, MY GOD!), soit un film chinois («Colour Blossoms»). Je ne m’allongerai pas à nouveau sur ma déception, mon écoeurement aigu… mais vraiment, des acteurs tellement mauvais, une histoire quétaine à dormir debout, une crédibilité aussi solide que la colonne vertébrale d’un mollusque, une caméra plate et dérangeante, de la musique exagérée et complètement inadaptée. Finalement, nous avons assisté à un programme -inégal- de courts métrages, mais généralement intéressant. Mention spéciale pour le dernier film de Patrick Boivin, «Radio», celui qui nous avais donné «Phylactère Cola». À nouveau, j’ai bien aimé. Un cinéaste talentueux et prometteur.
L’horaire était également un peu mal fait, un peu difficile à suivre. Les carnets de billets n’étaient pas très intéressants pour les cinéphiles, car ne donnant pas droit aux films en compétition ni aux événements spéciaux et galas. Un peu discriminatoire, surtout en comparaison des autres festivals de Montréal. Il faut savoir soutenir la compétition, non?
Finalement, je vais faire preuve de beaucoup de mauvaise foi (mais tout plein d’honnêteté!) en concluant que j’ai très hâte au prochain… je veux dire le prochain en liste, mon formidable FCMM. Qui devient le FCN, je crois. Et qui arrive dans deux semaines à peine!
FFM, FIFM, FCMM
J’ai fait un drôle de rêve… j’ai rêvé qu’il y avait trop de festivals de cinéma à Montréal (deux, en fait) et qu’il y avait eu une volonté de repenser tout ça et de créer un seul nouveau festival, plus complet, avec de meilleurs moyens, afin d’offrir le meilleur programme possible, toutes catégories confondues. J’ai également rêvé que divers projets sérieux avaient été déposés pour ce faire, et que, du lot, un seul serait choisi et retenu, idéalement le meilleur. Quoique c’est une notion tellement subjective et large…
Bizarrement, je me suis réveillée pour constater que non seulement ce n’était pas un rêve, mais que l’issue était pour le moins inattendue et surtout inconcevable. Et que nous avions, cet autommne, non pas un, non plus deux, mais maintenant, ô la belle affaire!, trois festivals (apparemment de calibre internationaux) dans notre seule petite ville. C’est pas beau, ça?
C’est quand même aberrant, non? C’est moi ou nous, québécois, n’en sommes (de plus) pas à notre première aberration du genre???
À vue d’oeil, comme ça, outre le ridicule de la situation et le fait que nous passons à nouveau pour des gens qui ne savent pas se brancher (au niveau international, en plus, rien de moins! Non mais, tant qu’à donner dans la bêtise, autant que ça vaille la peine), j’ai comme l’impression qu’il n’y a pas beaucoup d’avantages -pour tout le monde- dans cette situation: financement certainement plus difficile, subventions réduites et divisées par deux ou trois, je ne sais plus, même chose pour les cinéastes, pays et artistes qui doivent maintenant de s’y retrouver, tout comme les cinéphiles.
En même temps, moi, le FFM, je l’ai tout simplement sauté cette année, car je ne l’affectionne pas particulièrement et que la programmation est beaucoup trop inégale. Je pense qu’ils prônent le volume, et non la qualité. Et comme je ne peux pas sentir son président, Serge Losique… Il reste donc le formidable FCMM (qui devient le FNC, je crois) en octobre et le FIFM qui commence à peine, mais qui aura certainement un impact sur le précédent, et vice-versa.
Si le ridicule tuait, nous n’aurions plus un seul festival à nous mettre sous la dent (ou dans l’oeil), c’est clair! Mais heureusement (ou peut-être malheureusement), le ridicule ne tue pas. Pas encore.
J’espère vraiment qu’un ménage sera fait afin d’offrir un festival, un vrai, qui serait d’envergure internationale, qui amenèrait un rayonnement, un vrai là aussi, pour la ville et le cinéma. Et permettra aux cinéphiles de s’y retrouver, de façon intelligente, une fois l’an, plutôt que devoir s’en taper deux, ou trois, de façon pressée et confuse, sur une période d’un mois et demi, qui plus est.
Qui vivra verra. Qui ira, saura. Qui se tapera les trois, à coup sûr, s’écoeurera!
(je vous l’accorde, n’importe quoi!).
Podium
Ce n’est plus un secret pour personne (ou presque!?!), j’adore la musique française et plus spécialement les vieux tubes… comme ceux de Claude François. Alors vraiment, c’était tout indiqué, on peut presque dire un naturel!
Pour le sujet, donc, et la musique, mais également pour celui qui joue le rôle de CF, le formidable Benoît Poelvoorde. Un acteur tellement talentueux et polyvalent. Dans ce film, il est tour à tour drôle, touchant, navrant, désespérant (bon, d’accord, un tout petit peu), convaincu et surtout, convaincant. Son acolyte, Couscous (joué par Jean-Paul Rouve), est pathétique à souhait et lui fait une délicieuse réplique.
J’ai également découvert plein de choses sur la vie du chanteur. Je ne sais ce qui est purement autobiographique et ce qui tient plutôt de la fiction, mais on reste sur l’impression de connaître un peu mieux cet artiste passionné, intense, tombeur (bis) et tout ce qu’il y a de «chiant» (ou égocentrique, peut-être?).
Un film qui raconte les rêves de Bernard Frédéric (BP), ex-imitateur par excellence de CF, devenu sage, papa et banquier (résigné), par amour. Qui décide tout à coup de revenir à sa passion première, la scène et la foule, le temps d’un dernier concours.
Une réalisation simple mais efficace. Avec de beaux décors et de beaux costumes, rétros et colorés. La trame musicale (non, non, pas que du François) est vraiment bonne et même délirante, à l’occasion. Du Bécaud, du Dassin, du Clerc et surtout, surtout, beaucoup de Poelvoorde, ai-je découvert avec joie. C’est qu’il chante bien, le mec, et qu’il se débrouille également côté déhanchement… même si nous avons surtout droit à de l’humour, à ce chapitre. Au sens de caricature, disons.
Et quel beau moment que la dernière chanson, celle pour sa femme. Un grand moment, quétaine comme on les aime, émouvant (je vous ai prévenu: kétaine) et rassurant.
Un travail de professionnel fait avec beaucoup d’humour et de fantaisie. Oui, vraiment, ça me plait!
Réal.: Yann Moix, France, 2005.