Certaines lectures nous font l’effet d’une bonne brise d’été légère et rafraîchissante, nous touchent droit au coeur, nous laissant un peu sonnés ou nous font voyager et découvrir de nouveaux horizons. D’autres encore, nous assomment littéralement, comme un énergique coup de pelle (de métal) en plein visage. D’autres enfin, nous font l’effet de retrouver subitement un ancien ami, intéressant et rigolo à souhait, le temps d’une soirée. Les livres d’Helen Fielding font partie de cette dernière catégorie.
Pour vous situer, au besoin, HF est l’auteur des désormais célèbres « Bridget Jones’s Diary » et la suite, « The Edge of Reason ». Petite précision importante: je parle ici des livres, et non des films. Les livres sont très différents, beaucoup plus complets, bien sûr, plus étoffés et surtout plus drôles (bis, bis, bis… surtout dans le cas du deuxième!).
HF a une écriture très vivante, très visuelle et humoristique. Un humour très British, ironique et dérisoire à souhait. Moi, j’adore! Elle fait partie des quelques auteurs que j’ai GRAND plaisir à lire dans sa langue d’origine. Comme elle est très visuelle, c’est d’ailleurs là que réside une grande partie du plaisir, à savoir je dois constamment lire « à-haute-voix-dans-ma-tête » (et parfois même, inconsciemment… à haute voix tout court), ce qui me permet alors de bien saisir ses propos et surtout les nuances, les subtilités de langage.
Le monde de HF, c’est celui des relations humaines, avec toute leur complexité. Les rapports entre femmes (collègues, amies, rivales, mères, filles), les rapports entre hommes et femmes -comment et surtout pourquoi s’en passer?!?- et même les rapports avec soi-même. Je pense qu’elle intéresse et rejoint principalement les femmes, mais je serais curieuse d’avoir l’opinion d’un homme ayant lu un de ses livres.
Elle fait beaucoup de références, de comparaisons aussi farfelues que drôles, et qui me rejoignent tout à fait. En fait, des fois, j’ai l’impression de la connaître, ou vice-versa.
Pour m’en être délectée tout au long, j’ai maintenant cherché quelques exemples pour illustrer son écriture. Mais bien sûr, à moins de me retaper tout le bouquin que je viens tout juste de terminer, je n’ai pas retrouvé ceux que je cherchais. En voici quelques-uns, triés sur le volet. En racontant une conversation qu’elle a avec son complexe chum-qui-ne-l’est-pas-vraiment, l’héroïne lui a répondu: « … So you’ve fallen in love with me but you’re not in love with me, so while you were falling, you sort of swerved off and landed in something else?!?… ». Dans un tout autre ordre d’idée, un docteur qui travaille avec elle en Afrique décrit ainsi une accolade d’adieu avec un soldat, en plein milieu d’un territoire en guerre: « …Any second now, we’ll be swapping addresses (…) If this goes on much longer, I’ll be bearing this man’s child and washing his socks… ». Un petit dernier, au risque de passer pour une « clown-obsessed », où elle décrit l’allure physique et très caractéristique d’un général africain: » (…) he was wearing his dark-green uniform instead of djellaba, but he still sported the Blues Brothers sunglasses and Coco the Clown hairdo… ».
Dans Cause Celeb, elle joint l’utile à l’agréable, je dirais, ajoutant un peu de chair autour de l’os. La principale protagoniste partage avec nous quelques années de sa vie, soit celles passées à Londres avec dans le monde très superficiel de la pub, de l’édition et du vedettariat et celles, à tout l’inverse, qu’elle ira passer à aider les gens dans le besoin en Afrique. Aux moments drôles, romantiques, cyniques s’ajoutent donc une autre dimension, celle de l’humanisme avec un grand « H ». Les drames y sont beaucoup plus percutants et touchants, par conséquent et la réalité mise dans une toute autre perspective. À mon avis, un plus. Ou c’est simplement différent… en tous cas moi j’ai bien aimé.
Bon, il y a toujours les moments où je me suis donc esclaffée, toute seule, en plein wagon de métro, à la lecture d’un passage, mais puis-je vraiment le lui reprocher??? I don’t think so!
Publié en 1994, aux Éditions Picador.
Les Poupées russes
Le 2e volet de la joyeuse saga amorcée avec l’Auberge Espagnole. Où l’on retrouve la plupart des personnages, quelques années -et moultes aventures- plus tard.
Le point central est bien sûr Xavier (Romain Duris), qui connait plusieurs déboires amoureux et professionnels, comme écrivain et amoureux. Autour de lui, on retrouve la belle Martine (Audrey Tautou), devenu activiste, maman et son ex/amie. On assiste aussi à ses retrouvailles, non sans remous, avec la jolie rousse Wendy (Kelly Reilly). C’est aussi quelques belles histoires d’amour, non pas simples mais à tout le moins intenses et qui valent apparemment la peine d’être vécues.
À nouveau, c’est un beau film assez rigolo, parfois léger, parfois plus complexe et complètement sympathique.
Un film sur l’engagement, la peur de celui-ci, la difficulté de marier les rêves et les attentes avec la réalité. Sur le respect et l’estime, de soi et des autres. Et la déception, parfois, celle que l’on subit ou que l’on cause. En résumé, un film qui parle du cours normal de la vie… soit le fait de vieillir -lentement mais sûrement!- et de s’assumer, ainsi que ses gestes… ou non!?!
La caméra est toujours rafraîchissante et en mouvement. Incluant des changements de plans vivants, intéressants et parfois même inventifs.
Tous les comédiens sont franchement à l’aise. Romain fait preuve d’une grande humilité et, du coup, d’une belle crédibilité. Idem pour William (Kevin Bishop), le frère de Wendy, qui vit de bien grands moments.
Si je faisais ma cinéphile un peu trop exigente et quelque peu blasée, je dirais que le film est vraiment bien mais n’a pas la fraîcheur, la nouveauté et le rythme effréné qui faisaient en grande partie le charme du premier.
Je viens donc de le faire, je crois. En ajoutant qu’il s’agit également d’un bien agréable moment de cinéma. C’est tout bon, quoi (faute d’être également original, disons, cette fois).
Réal.: Cédric Klapisch, France/Grande-Bretagne, 2005.
LE Pere Noel
Il y a quelques semaines, je suis allée dîner à mon super resto de poulet, le Laurier, en compagnie de mes neveux, d’un ami et de mon frère, pour la fête de ce dernier. Philippe, mon (petit) frère a 35 ans… c’est vraiment incroyable! Mais là n’est pas le propos de ce billet (bonne fête encore, en passant!).
Nous avons donc dégusté allègrement nos poitrines, cuisses, pépites et autres délices du genre. Sans oublier la touche finale, le moka, servi chacun à sa façon.
En sortant du resto, j’étais en grande conversation avec notre ami, mon frère et ses enfants nous précédant. Je n’ai donc pas saisi tout de suite ce qui s’est passé.
À ma grande surprise, j’ai distraitement entendu Charles, le plus petit (le même que dans le billet sur le clown), s’exclamer avec vigueur «Heeeeeeey! Le Pè-Noweeeeeeel!?!» d’un ton très impressionné. Puis j’ai entendu de grands rires et, en regardant plus loin sur la rue, j’ai vu un homme, vêtu le plus normalement du monde, mais avec une de ces barbes blanche-de-gris et une de ces chevelures assortie, comme on en associe effectivement et généralement seulement au Père Noël. Qu’est-ce qu’il a rit, ce monsieur, en réalisant qu’un petit bonhomme venait ainsi de le prendre pour LE Père Noël… ou plutôt, devrais-je dire, quand il a réalisé, à sa grande surprise, qu’un admirateur l’avait spontanément reconnu, comme ça, en pleine ville, même sans son costume!
On a tellement ri! Et le petit Charles, un peu gêné, ne comprenait pas trop le pourquoi de cette hilarité collective. Que nous avons vite rattrapée, pour lui expliquer que nous étions simplement impressionnés car nous ne l’avions même pas reconnu, nous, les «grandes personnes»…!
À ce moment, son grand frère Julien, qui vient d’avoir sept ans, semblait incrédule et surtout, un peu confus.
Ce week-end, j’ai encore eu le plaisir de passer du temps avec ceux-ci, et nous avons spontanément reparlé de cet événement cocasse (et trop joli, quand à moi). Julien, affirmait avec véhémence que ce n’était PAS le Père Noël! Que ça ne se pouvait PAS. Qu’on ne pouvait pas en être certain, du moins…?!?
Toujours difficile de savoir comment réagir, quoi dire?, pour éviter de faire de la peine à l’un, sans blesser ni mentir à l’autre. Finalement, avec Philippe, nous avons convenu d’un bref regard entendu et complice, d’y aller de la plus grande nébulosité possible, en lui répondant qu’effectivement, on ne pouvait pas affirmer avec certitude que c’était LUI, le vrai, mais qu’on ne pouvait pas, non plus, affirmer à l’inverse que ce ne l’était PAS, toujours avec la même certitude.
Il est resté sur sa position, disant qu’il y en a plein, des Père Noël, comment savoir que c’était le vrai? Et nous avons consolé le petit Charles, subitement tristounet, en lui disant que c’était très possible et qu’il avait tout un sens de l’observation (fiou!).
Je pense que nous nous en sommes plutôt bien sortis, cette fois-ci. Et nous nous sommes bien sûr empressés de changer de sujet, question de conserver le momentum…
Les positions de Benoit XVI
J’ai lu récemment dans un magazine (l’Actualité, je crois) que le nouveau Pape, Benoît XVI, venait officiellement de prendre position et de se prononcer sur diverses réalités de notre société.
Apparemment, il est -tout comme son prédécesseur, d’ailleurs- CONTRE la fécondation assistée et l’avortement, CONTRE l’euthanasie, CONTRE l’homosexualité (je me demande encore comment on peut s’affirmer «contre» une partie de l’identité d’une personne, mais bon! visiblement, qu’est-ce que je connais là-dedans et surtout, de quoi j’me mêle!?!). Enfin, il est apparemment aussi CONTRE les préservatifs. Hmmmm.
Là, vraiment, c’est n’importe quoi, me suis-je dit, choquée, dépassée.
Puis, en y repensant bien, je me suis calmée et réconfortée en me disant que ce n’était que normal, au fond, puisqu’il est probablement aussi CONTRE les mts et le sida. Ça doit donc s’annuler, non?!?
Amen…
Politiquement incorrect
Je ne parle pas de la façon de faire ou dire les choses, voulant qu’on le soit ou non, politiquement correct. Je parle de la situation actuelle de notre belle société québécoise. À mon très humble avis, elle est actuellement politiquement incorrecte. Mais cela dit, elle est aussi socialement, économiquement et même environnementalement incorrecte…
À plusieurs égards et niveaux, d’ailleurs. Le week-end dernier, je suis tombée par un malheureux hasard sur un mini-débat-entrevue-télévisé avec Pauline (Marois) et André (Boisclair). Les deux s’obstinaient à qui mieux, parlant systématiquement en même temps. C’était à qui parlerait le plus vite et surtout, le plus fort. C’était féérique. Une façon de faire que je trouve complètement incorrecte, voire même vaine. Au lieu de nous parler de ses visions et de ses aspirations, de nous expliquer son plan et les actions concrètes qu’elle veut entreprendre pour notre société dans les prochaines années (le cas échéant), Pauline attaque de bien pauvre façon son adversaire, André. Et lui, pas plus fin!, comme dirait ma mère (mais en fait, a-t-il tellement le choix!?!), se confond en justifications, en explications et bien sûr, comme pour prouver qu’il fait le poids, en accusations lui aussi. Et pendant tout ce temps-là… eh bien ! on ne sait rien de nouveau et surtout, on ne veut apparemment pas le savoir. La chicane, c’est bien plus chouette! C’est plus divertissant, c’est plus drôle (croit-on!).
Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, du moins ceux et celles qui sont dans le clan du PQ. Car en plus de ce débat de surface -et de sourds-, on va devoir voter pour 4 chefs potentiels très bientôt, par téléphone, en plus. Ben voyons! Pourquoi faire simple quand on peut faire vraiment tout croche et très très compliqué!?! Quand ce ne sont pas nos questions qui sont trop compliquées et trop hypothétiques pour s’y retrouver nous-mêmes, ce sont nos processus. J’espère au moins que ceux qui regardent ça de l’extérieur se bidonnent un peu… ça servira toujours à ça, non?
Les québécois et les québécoises aussi sont complètement incorrects, depuis quelques années. D’abord, on vote non pas POUR, maintenant, comme c’est habituellement l’idée, que dis-je, le droit et aussi la responsabilité qui vient avec, non!, nous, on est rancuniers et on vote CONTRE un gouvernement… et donc pour le clan opposé. Et après!?! Bien après, bizarrement, on tombe d’encore plus haut, ô surprise!?!, et on est très mécontent mais on a l’air un peu fou car vraiment, on a littéralement couru après. Qu’à cela ne tienne, qu’on se dit ensuite collectivement, ils avaient juste à ne pas nous fusionner de force… même si le concept en lui-même avait beaucoup d’allure et de gros bon sens. Na-na-ni-bou-e! On est les plus forts! (y a pas à dire, vraiment!).
Mais ce n’est qu’un exemple. Et ils pullulent, présentement. Tout est, depuis quelques années, histoire de consommation à (très) court terme, on veut tout, on ne veut surtout rien faire pour et, de plus, même dans nos choix, pas question d’assumer le coût d’option. Mais on pense qu’on niaise qui, là?!? Les politiciens? Les voisins? Ben voyons! On se niaise nous-même, tout simplemement et surtout tout bêtement. On a tellement une vision court terme qu’on veut que nos gouvernements règlent tous les problèmes dans le système de la santé, dans celui de l’éducation, qu’ils arrangent miraculeusement tous nos problèmes de réseau routier actuel (même si, il y a 20 ans, on ne voulait pas payer de péage, trop cher…), maintenant on veut qu’on nous répare tout. Et on veut régler les problèmes dans le réseau public, réduire les impôts, financer les garderies, etc., des bonnes idées, en veux-tu? en v’là!
C’est bien beau vouloir tout régler mais ça ne peut se faire sans faire des choix, sans prioriser et surtout… sans coût d’option. La pensée magique, est-ce qu’on va finir par le comprendre, ça n’existe pas. Même dans la pseudo-télé-réalité, les gens commencent lentement à réaliser que ça n’existe pas. Bra-vo!
Et je ne parle pas de notre chialage collectif!!! Misère qu’on est rendus chialeux, c’est pas croyable! On chiale, pis on chiale. Jamais -on est jamais- contents. On ne prend peut-être pas de décision, mais on chiale pour la peine!
Misère! Je n’avais vraiment pas envie d’écrire un tel billet. Mais la société actuelle et son manque de responsabilisation, son refus de réfléchir un tant soit peu plus loin que son nez, son attitude de plus en plus je-m’en-foutiste me dépriment.
Comme disais Joseph Facal ce matin à Indicatif Présent, en dénonçant la situation actuelle de l’humour au Québec et la place démesurée que prend celle-ci, j’espère que c’est temporaire, voire exceptionnel. J’espère que nous allons (soudainement?) reprendre conscience et réaliser qu’à moins de bien réfléchir, ensemble, à la situation et d’essayer de trouver, ensemble, des solutions au lieu de se taper dessus et de s’accuser ou de carrément se fermer les yeux, tout en se noyant de divertissement et de consommation à deux sous… ben il ne se passera pas grand chose. Point. Et à un moment, on va avoir d’encore plus gros problèmes et il sera beaucoup trop tard pour faire quelque chose. Si ce n’est pas déjà le cas.
Le plus navrant, à mon sens, c’est qu’à la base, quand on y pense, on est quand même dans une société généralement chanceuse, avec une certaine qualité de vie et de conditions sociales. Bien sûr, il y a et de plus en plus d’écarts dans la répartition des richesses mais je pense qu’on peut dire que nous ne connaissons généralement pas la famine, la guerre, le terrorisme et nous sommes même plutôt chanceux côté catastrophe naturelle, du moins pour l’instant. Alors on devrait non seulement se réjouir mais préparer l’avenir en posant des gestes concrets pour l’environnement, l’économie (la nôtre et mondiale), la société. Mais non! Nous, les vrais problèmes, on préfère ne pas y penser mais, en parallèle et pour ne pas avoir l’air trop con ça doit!?!, on s’en invente des faux, pour attiser le (faux) débat et se donner bonne conscience. Remarquez, c’est juste une théorie (et du gros coq-à-l’âne!).
Je ne prétends nullement connaître toutes les facettes des problèmes exposés précédement, ni toutes les pistes de solutions. Et encore moins de pouvoir, seule, régler quoi que ce soit. Mais je dénonce cette situation et j’espère vraiment qu’il y aura des personnes sérieuses, intelligentes, visionnaires et expérimentées pour (bien vouloir) nous guider, un tant soit peu, dans un avenir pas trop éloigné. Et surtout, surtout, qu’on ne sera pas trop con pour ne pas en profiter. Prendre position et agir, nous aussi.
Bon! Ça fera! Sur ce, souhaitons-nous bonne nuit… et surtout bonne chance!