La semaine dernière, j’ai cherché pendant plusieurs minutes l’adresse d’un bon cordonnier, idéalement dans mon coin, pour faire retaper mes belles bottes sexy qui s’usent trop vite.
J’adore aller chez le cordonnier! J’aime l’odeur du cuir, et ce genre de travail manuel, qui demande habileté et précision et qui, lorsque bien fait, semble tenir du véritable miracle, me fascine. Et comme dans tout métier, tous les représentants ne sont pas nécessairement compétents, ou dignes de ce nom.
Celui que j’ai trouvé, à quelques minutes, en est un vrai – et un bon (je l’ai confirmé depuis!). Sa boutique sent bon le cuir, sur fond de produits de nettoyage et cirage (ce qui, avouons-le, est un peu moins inspirant, mais nécessaire!).
En venant rechercher mes bottes, redevenues belles, brillantes et comme neuves, je l’ai chaleureusement (et sincèrement) remercié, partageant mon désarroi voulant qu’il n’est pas facile de trouver un bon cordonnier dans son coin. «Un bon cordonnier tout court», m’a-t-il répliqué spontanément. «Et ça va être de pire en pire, parce qu’il n’y a plus de relève», conclut-il, mi-grave, mi-résigné. Je l’ai ensuite remercié, avant de quitter, songeuse.
Ses propos m’ont rendue un peu triste, car j’ai bien peur qu’il ait raison. Les métiers artisanaux de ce type sont probablement en voie de disparition, du moins à moyen-long terme. Mais c’est triste, non? Moi, j’aime savoir que, lorsque l’on fait attention à ses biens et que l’on veut les prolonger, ou même les recycler, il y a des gens compétents qui peuvent nous aider à le faire.
Mais c’est un art, qui se perd aussi, et un métier dont les conditions sont certainement très difficiles. Ce côté, je peux le comprendre. Mais je trouve triste le fait qu’il puisse bientôt disparaître. Parce que c’est un beau métier, humble, anynoyme mais tellement utile. Indispensable.
J’espère que, d’une façon ou d’une autre, il y aura un renouvellement dans ce genre de travail qui viendra en assurer la survie. En même temps, je suis peut-être un peu trop sensible, ou alarmiste!?! Peu importe, ça m’a touchée et j’ai eu envie de le partager.
Crash
Ça doit bien faire un an, jour pour jour, que je tente par différents moyens de voir ce film, chaque fois (de façon évidente!), sans succès. Mais cette fois-ci fut la bonne. Et je n’ai rien perdu pour avoir attendu, comme le veut l’expression consacrée.
À prime abord et de mémoire, je m’attendais à un film sur le racisme. En fait, il s’agit davantage d’un film sur les préjugés et les multiples et insidieuses formes qu’ils prennent. Chez tous et chacun, sans exception j’ajoute, car personne n’est malheureusement à l’abri de son propre jugement et de celui des autres.
C’est également un habile chassé-croisé d’histoires assez imprévisibles, qui nous démontre de façon très percutante l’effet que les gens peuvent avoir les uns sur les autres, de façon volontaire ou non, consciente ou non, préméditée ou non. On y prend également conscience à quel point la ligne est mince entre «tout va bien» et «tout bascule» subitement…
Il y a un tel climat de tension qui est habilement maintenu tout au long du film. Et à moins d’être voyant(e), je pense que l’on peut difficilement prévoir ce qui va se passer ensuite, car aucune logique n’est à l’origine de ces événements, tout comme les préjugés qui en sont généralement (et totalement) dépourvus.
Tous les comédiens sont bons, sont convaincants, nous entraînent dans le récit tête -et coeur- premiers. Comme je viens de dire tous, je dois donc préciser que ceci s’applique même à Sandra Bullock, qui n’est pas ma comédienne préférée, disons, dans un rôle assez inusité versus son registre habituel. Don Cheadle (qui joue un détective), Matt Dillon (un policier) et Thandie Newton (l’épouse d’un réalisateur) tiennent respectivement tous -et de très belle façon- des personnages remplis de nuances et de contradictions, ce qui fait partie intégrante de l’intérêt du scénario.
Le genre de film qui, pour mon plus grand plaisir, nous laisse un peu déstabilisé, qui nous remet en question et nous donne beaucoup de matière à réfléchir. Troublant, on peut le dire!
Réal.: Paul Haggis, É.U., 2004 (il a beaucoup écrit pour la télé précédemment, dont plusieurs épisodes de «Thirtysomething» et «Due South» et c’est également lui qui a écrit le scénario de «Million Dollar Baby»).
Dumas (solo) entre Venus et Linoleum
Il y a bien un an que je voulais le voir en spectacle, le beau Dumas. Que ce soit avec ses musiciens ou, comme vendredi dernier, seul sur scène. J’ai de plus eu droit au concert surprise, le chanteur tout juste revenu d’une tournée en France (avec les Cowboys Fringants), nous offrant son dernier spectacle avant d’entrer en studio pour enregistrer son prochain album.
Quel bon spectacle et surtout quelle belle soirée nous avons passée. Non pas que je sois tellement surprise, au fond, mais j’avais plutôt l’impression qu’il était timide, le Dumas, et donc je ne savais trop à quoi m’attendre pour un spectacle solo. Quelle belle découverte, donc, à tous les niveaux.
Première surprise: il est vraiment tout un «showman». De la trempe des «M», même, je dirais, s’il faut à tout pris faire une comparaison (et il semble que la comparaison soit effectivement et généralement de rigueur, non?!?). Parce que du reste, son style, ses chansons, son charme, son humour, son énergie même, sont uniques. Une certaine pudeur -ou réserve?- en plus, peut-être aussi…
Tout, il fait tout sur scène. Présentateur, monologuiste (mais si peu – trop peu!), amuseur (beaucoup), rêveur et chanteur, musicien et, le dernier mais non le moindre, son propre choriste. Il faut le faire, non? Il joue et enregistre en direct ses propres accompagnements, idem pour les voix, nous rendant la chose surprenante, agréable, et vraiment intéressante. Il est un habile pédaleur, d’ailleurs, qu’il manie debout, de pieds de maître, guitare à la main, pour notre plus grand plaisir.
Il a joué plusieurs chansons de son 2e album (Le cours des jours), quelques-unes de son premier (album éponyme), nous avouant parfois qu’il s’agissait de chansons «qui n’ont pas marché» et entamant chaque fois une très belle mélodie. Il nous a également offert trois morceaux tirés de la trame musicale de «Les Aimants». C’est un très bon chanteur – et tout un musicien.
Il a aussi une très belle folie, rafraîchissante, léger délire drôle et charmant. Il y va de quelques «trips» bien à lui… incorporant, à son bon gré, la célèbre chanson «Mickey» («Oh Mickey, you’re so fine you’re so fine you blow my mind, hey Mickey, hey Mickey …») de notre adolescence ici et là tout au long du spectacle, avec un visible et malin plaisir. Communicatif, je dois ajouter.
Il joue également avec nous. Et il joue bien, encore une fois. Il a cette capacité de nous amener avec lui, de nous faire chanter -et même dire- quasi n’importe quoi, finalement! Mais c’est tout bon et surtout, tout bien fait.
Une soirée enlevante qui m’a littéralement ravie.
À nouveau, un gros merci à la belle Jul pour la formidable initiative!
Dumas, au Théâtre La Tulipe, 4530 rue Papineau (près de Mont-Royal).
Tele-retro
Depuis quelques années que je le voyais annoncé, cet annuel week-end télé-rétro, et que je me disais que je devrais bien aller y faire un tour. Même si je ne suis pas une grande nostalgique, les émissions de ma jeunesse m’ont assez marquée (et intéressée) pour que j’aie envie de les revoir. Et c’est ce que j’ai fait, le week-end dernier, avec ma copine Julie.
C’était vraiment trop drôle de les revoir, les «Demetan et Renatan», les «Schtroumpfs», «Rémi» (que j’ai peu connu, par contre, c’était un peu après mon temps) et bien sûr, bien sûr, l’unique, coquine et rêveuse «Candy»!
Il y avait tout un horaire étalé sur deux jours, incluant également les célèbres «Goldorak», «Albator», «Chapi Chapo», «Petit Castor», «Vicky le Vicking», «Mini-fée», «Chaperonnette à pois» (etc.), de notre enfance.
À ma grande surprise, j’étais vraiment contente de les retrouver ainsi pendant un petit moment, dans le pittoresque (et quelque peu défraîchi) Théâtre National, rue Ste-Catherine, dans l’est. Lieu par excellence pour l’occasion, datant lui aussi. Et quoique l’on y soit très mal assis, le petit côté doublé-historique ajoutait à l’intérêt de la chose.
Ce n’est pas des blagues… je me souvenais intégralement des chansons du début ET de la fin de «Candy». On est kétaine ou on l’est pas!?! «Demetan», par contre, comme c’était en japonais (je crois!?!), c’est davantage l’air que j’avais retenu, avec sa petite mélodie à la flûte. Mais qu’est-ce que c’était triste, voire même tragique, cette émission! My god!!! Pauvre petite grenouille, qui se fait taper et insulter à qui mieux-mieux. J’avais quasiment le moton!
Malgré une technique très dépassée (vs les moyens d’aujourd’hui, s’entend), j’ai retrouvé avec émotion ces petits bouts d’émission pour ce qu’elles nous apportaient de mieux, je crois, à l’époque: des émotions, des vraies, de l’imagination et du rêve. Ce n’est probablement pas tout le monde qui a embarqué de la même façon, dans le temps, mais tous ceux qui ont écouté ces émissions s’en rappellent probablement encore.
À ma (2e) grande surprise, il y avait autant d’hommes que de femmes. Je ne sais pas pourquoi, en faisant la file, je me disais qu’il y aurait sûrement plus de femmes. Comme quoi les souvenirs n’ont pas de sexe! Ou le sexe n’a pas de souvenirs? Ou plus simplement, je suis remplie de préjugés, malgré moi!
Un petit moment très agréable, donc, qui a passé vraiment très vite. Je serais restée pour quelques autres présentations, finalement. Mais bon! Je pourrai toujours y retourner l’an prochain, si j’en ai toujours envie…
Week-end Télé-Rétro, présenté par «dep» et «Imavision distribution».
Vasco Da Gama
J’y suis allée récemment, pour la première fois, juste le temps de m’envoyer un bon ptit gueleton -plutôt chic- derrière la cravate. Un savant mélange entre l’épicerie fine, le bistro français, la cafétéria et le salon de thé. Avec service de traiteur, aussi, car on peut ramasser son butin et aller le manger au bureau (faute de pouvoir avoir le beurre ET l’argent du beurre!).
J’ai dégusté un délicieux sandwich style panini au confit de canard avec figues et mangues, accompagné d’une petite salade d’épinards, parmesan et tomates. Original et très savoureux. Présenté dans de la belle vaisselle épurée, aux formes carrées, immaculée. On a même arrosé le tout d’un bon café au lait (comme si nous avions encore faim!) et d’une SUC-CU-LEN-TE petite pâtisserie du genre flan-caramélisé.
Même les bouteilles d’eau sont belles et chics. Bizarrement et de façon assez contradictoire, donc, ils appellent ça «de l’eau plate». Quel qualificatif réducteur et inapproprié, non? C’est pas plate, de l’eau. C’est limpide, rafraîchissant, désaltérant. La prochaine fois, j’exigerai de l’eau pas plate! (mais pas gazéifiée non plus).
Un bel endroit. Avec jolies banquettes et petits «poufs», mais pas beaucoup de place à se partager à plusieurs. Apparemment toujours bondé de monde, un peu exigu comme local, clientèle d’affaires.
Seul bémol: le prix – 20$ pour une mini-salade, sandwich et petite pâtisserie… c’est bon, mais c’est pas donné!
Mais pour prendre une pause bien méritée, en agréable compagnie qui plus est, pendant une intense période au boulot, ça vaut peut-être le prix? Je pense que oui…!
1472, rue Peel, entre Ste-Catherine et Maisonneuve, (514) 286-2688.