Un autre film sorti tout droit du FNC en octobre dernier. Un film très attendu, dont j’avais entendu beaucoup de bien et qu’on avait même qualifié d’incontournable (petit clin d’oeil à Julie, ici, ma complice cinoche par excellence!!!).
D’où une partie de ma déception, probablement, soit de grandes attentes. Mais pas seulement. En fait, pour être très honnête et probablement fort humble (au sens d’amateure, je veux dire), je dois avouer être vraiment restée sur ma faim. Et sur la fin. À savoir, avec un sentiment de m’être endormie et d’avoir manqué les 40 (apparemment essentielles) dernières minutes du film. J’exagère un peu, mais ça, on le savait déjà!
Un film intéressant, certes, et qui nous tient/nous intrigue du début à la fin. Avec de très bon comédiens dans les rôles-titres, soient Daniel Auteuil (mais qui en fait un peu trop, à mon goût) et la belle Juliette Binoche (très juste), dans les rôles respectifs d’un intellectuel animant une émission de télé et d’une libraire, conjoints et parents d’un jeune garçon. Ils se mettent à recevoir de troublantes cassettes montrant essentiellement l’extérieur de leur maison familiale, puis des dessins mystérieux et même quelque peu lugubres.
Un film qui aborde le thème de la culpabilité, à travers celui de la violence, mais dont je n’ai pas trop saisi le chemin emprunté ou alors, la démonstration, disons. Comme si tout ce qui est suggéré, ou latent, se révèle en fait bien peu consistant versus ce que l’on présageait. Ou alors je suis trop entourée de cette même violence, je m’y suis fait et j’en suis maintenant sinon indifférente peut-être blasée?!? (j’espère que non!).
Les dialogues sont bons, le traitement est simple, la caméra complice de la tension et de l’intrigue. Mais à nouveau, comme un certain manque de conviction.
Reste que nous sommes ressorties de la projection pleines de questions, dérangées, troublées, même. Mais non sans une certaine appréciation, donc.
Réal.: Michael Haneke, France/Autriche/Allemagne/Italie, 2005.
Entre ses mains
Un film de la cuvée 2005 du FNC.
L’histoire de Laurent, un (intriguant) vétérnaire et séducteur (surprenant Benoît Poelvoorde) qui fait la rencontre de Claire (formidable Isabelle Carré), une femme mariée oeuvrant dans le domaine des assurances. Claire et Laurent entament alors une relation très spéciale, empreinte de curiosité mutuelle, de doute, d’attirance, de peur, de secrets et peut-être même, de drames latents. En parallèle, plusieurs meurtres sont commis sur des jeunes femmes dans la petite ville qu’ils habitent. Claire a bien vite des doutes et des soupçons sur la vraie nature de Laurent. Une sorte de chasse à la souris, sans trop savoir qui est le chat, finalement.
À ma connaissance, c’est le premier rôle dramatique de Benoît Poelvoorde. Un comédien de très grand talent (c’est lui qui tenait, entre autres, le rôle de Claude François dans «Podium», récemment) dont les débuts dramatiques feront assurément histoire. De comique, fantaisiste, ironique et dérisoire, nous le connaissons maintenant sérieux, dur et même violent, intransigeant et dérangeant. Une très bonne prestation, qui nous tient assurément sur le qui-vive.
Isabelle Carré est toujours aussi bonne. C’est elle qui avait le rôle titre dans l’excellent «Se souvenir des belles choses», il y a quelques années. Je crois même qu’elle avait gagné un César pour cette interprétation d’une jeune femme atteinte d’Alzheimer!?! Mais je m’égare… Dans ce cas-ci, elle joue une femme toute simple, épouse et mère de famille, dont la petite vie rangée se voit bientôt complètement remise en question par l’arrivée de cet inconnu pour le moins mystérieux.
Un très bon thriller, rempli de nuances et de zones de gris. Comme dans la vie, quoi. Qui peut se vanter de n’être que clarté et transparence? Un film au traitement sobre, intelligent. Le rythme est lent, régulier mais efficace. La tension est palpable et habilement maintenue du début à la fin. Difficile de savoir ce qui va arriver ensuite, ce qui est une belle et grande chose dans ce genre de film.
Une histoire très humaine sur l’amour, le manque d’amour, la fragilité, l’incapacité, l’incrédulité, la folie. Et la ligne très mince sur laquelle dansent et s’entremêlent parfois toutes ces notions.
Réal.: Anne Fontaine, France/Belgique, 2005.
Visage retrouvé
Une pièce que j’ai vue récemment, jouée entièrement par l’extraordinaire Marc Béland.
D’entrée de jeu (virtuellement et littéralement), je me dois de lui faire mes excuses, au beau et si talentueux Marc, de même qu’à François, qui m’a fait le grand plaisir de sa présence ce soir là. Je déteste quand ce genre de réaction m’arrive! La pièce débute tout doucement, tout en silence, le personnage fait son entrée, et marche lentement vers nous, toujours en silence, vient se placer tout près, en avant de la scène. Un moment qui semble interminable, insaisissable, qui me met, moi, chaque fois un peu mal à l’aise et qui, du coup, provoque un fou rire (étouffé). Comme j’étais désolée! Heureusement, j’ai réussi à me contenir, et tout est rentré dans l’ordre, non sans peur et quelque misère, par contre… Mille excuses, donc, pour cette maladresse aussi involontaire qu’incontrôlable.
La pièce, c’est l’histoire dense et complexe de Wahab, petit garçon du Liban dont nous faisons la connaissance à 4 ans à peine. C’est son difficile et long périple qui le mènera jusqu’à Montréal, en passant à travers toute la gamme possible des événements et des conséquences qu’ils provoquent, tous plus sérieux et dramatiques les uns que les autres. De la guerre à l’apprentissage, de l’amitié à l’amour, des liens serrés de la famille à l’exil. La découverte de soi et des autres. Des marques profondes que tous ces passages provoquent sur nous et en nous. De la colère, la peur, la résignation, le refus.
La mise en scène est vraiment intéressante. La scène, d’abord, presque dénudée. Quelques accessoires ici et là qui marqueront les événements ou une transition. Des éclairages parfois sanglants, parfois voilés et doux, selon les propos.
Et un Marc Béland incroyable. Qui nous raconte cet enfant à travers les âges de magnifique façon. Qui nous permet d’y croire complètement. De cheminer avec lui. Marc Béland qui n’en finit plus de raconter, de vivre, de changer, de souffrir et même, de nous faire rire. Un jeu solide, simple, très convaincant. Impressionant.
À l’inverse de sa prestation, nous sommes restés sans mot dire. Même si j’ai parfois eu l’impression de ne pas tout bien saisir, cette histoire est d’une intensité telle qu’elle ne peut laisser indifférent(e). Du moins, ce fut le cas pour moi.
De Wajdi Mouawad, au Théâtre d’Aujourd’hui, mise en scène de Marcel Pomerlo.
Seinfeld
Quand la série est sortie à la télé, initialement, je n’y ai pas porté attention. Ou à peine. En fait, comme j’écoute assez peu la télé, je ne m’y suis pas attardée, me disant que c’était probablement bien, mais sans plus. MY GOD! C’est l’équivalent, comme dirait ma maman, de se rentrer un doigt dans l’oeil, jusqu’au coude (ouchhhhhh!?!).
Depuis, j’ai entendu critique élogieuse sur commentaire très positif, de la part des gens autour de moi. Autant d’éléments pouvant créer de grandes attentes et donc, d’encore plus grandes déceptions, le cas échéant.
Mais il n’en fut rien… qu’est-ce que ça me fait rire, moi, cette série!
Je l’ai donc découverte sur le tard, comme on dit, puis j’ai eu (et j’ai encore) le bonheur de m’en délecter en rafales, sur dvd (un double bonheur, donc). C’est d’ailleurs un ami (lien) qui m’a donné le goût de m’y plonger sérieusement et a même fait office de «pusher» officiel, pour la saison 4 (je l’en remercie encore…).
C’est, en théorie, d’un banal assumé, ce qui est en fait à l’origine même -sinon la base- du succès de la série. Et c’est, en pratique, tellement dérisoire, ironique, prévisible autant que jouissif de l’être. C’est tout bon, quoi!
George (fabuleux Jason Alexander), ce formidable George, à la chicheté proportionnelle à son pathétisme, lui même total et absolu… deux attributs qui en deviennent, dans ce cas précis, sinon de franches qualités du moins de formidables travers, drôles et attachants.
Elaine (exquise Julia Louis-Dreyfus), cette dynamique «fille de la gang», l’ex mais aussi le «sound board», l’énergique «get-out-of-here» à deux mains, aux mimiques buccales, et au regard, tellement caractéristiques. Elaine la copine par excellence, la vraie fille parmi les vraies filles, la solide représentante du sexe faible!
Jerry (joué par lui-même), le seul et l’unique, le très drôle stand-up comic, qui vient justement mettre le doigt sur les tous petits riens de la vie qui nous fascinent tous, mine de rien, et dont on se délecte de constater l’universalité de la chose. Jerry qui tique sur des pacotilles, mais des pacotilles de première classe. Le charmant et charmeur, éternel insatisfait.
Kramer (étonnant Michael Richards), le grand voisin qui ne ressemble à personne et à rien, un peu trop hystérique ou caricatural à mon goût (c’est à peu près le seul personnage qui m’énerve -UN TANT SOIT PEU- à l’occasion). Mais dont l’intégrité n’a d’égal que son originalité. Et le mot est faible…
Et tous les autres personnages qui gravitent autour de ce petit -et magnifique- groupe d’irréductibles célibataires. Sans oublier ceux qui s’ajoutent, le temps d’un ou deux épisodes, l’espace d’une nouvelle rencontre, elle-même sujet, généralement, à une nouvelle mine d’or de moquerie et de rigolade.
Des travers tellement humains, des petites bibittes que nous avons tous -mais sublimées, on s’entend- des manies, des obsessions, le sens du ridicule puissance 10. Et tout est assumé. Tout. Certainement une autre grande partie du succès de la série.
D’épisodes en séries, qui se suivent et se ressemblent, tout en se renouvelant chaque fois. Fascinant de voir comment on peut faire une émission complète sur si peu (une salle d’attente dans un resto, un patient bizarre dans un hopital, une nouvelle conquête qui a un drôle de rire, une personne qui ne s’est pas mis le doigt dans le nez en conduisant sa voiture, rien n’y échappe).
C’est certainement la simplicité du traitement, l’intelligence des dialogues et l’autodérision à outrance qui rendent, pour moi, cette série si formidable. Et les décors, du télé-théâtre comme on n’en fait plus, qui ajoutent à la familiarité et au sentiment d’appartenance ou de complicité que l’on ressent si rapidement.
Comment faire de l’insignifiance d’un sujet (en apparence, cela dit…), un épisode éclaté et délirant à souhait??? Là est la question. Et Seinfeld nous en a donné la réponse. Grand bien nous en fasse.
Et que dire des regards entendus, des sourires, des fous rires à peine retenus, qui nous confirment la complicité et le grand plaisir évident qu’ont les protagonistes à commettre cette série collectivement, pour notre plus grand bonheur?!?
Et comme les bonnes nouvelles n’arrivent généralement pas seules… je n’en suis qu’à la 5e série! Que j’amorce à peine…
Plaisir, quand tu nous tient… (ne nous lâche pas, je t’en supplie!!!).
Réal.: Divers réalisateurs (dont Andy Ackerman et Tom Cherones), concept: Larry David et Jerry Seinfeld , séries I à IX, de 1990 à 1998, É.U.
Transamerica
Quand des critiques utilisent des expressions du genre «porter un film sur ses épaules», je me dis toujours que oui, bon, le ou la comédien(ne) est effectivement très talentueux(se)/très bon(ne) dans son rôle, mais qu’il ne faudrait quand même pas exagérer.
J’ai quelque peu changé d’idée en voyant ce film, porté largement sur les délicates mais ô combien solides épaules de la principale protagoniste, Felicity Huffman.
Elle est époustouflante dans ce rôle. Cette comédienne au demeurant si féminine, charmante, jolie (la maman des triplets hystériques dans «Desperate Housewives»), nous livre ici le rôle on ne peut plus convaincant d’un transexuel, une semaine avant son opération (qui complètera son changement de sexe masculin au féminin) et qui apprend tout à coup qu’il a un fils. Une nouvelle qui viendra tout chambouler ses plans mais aussi ses croyances et sa vision de la vie.
On ressent le malaise de l’homme pris dans son propre corps alors qu’il n’est et qu’il n’aspire qu’à être la femme qui est enfouie au plus profond de lui-même. Depuis si longtemps. Sa voix, sa maladresse, ses manières gauches, sa démarche inégale, tout est crédible. C’est vraiment une performance enlevante.
L’histoire n’est pas sensationnaliste, ni démesurée, ni spectaculaire. C’est un scénario qui se veut plutôt «ordinaire», pour un sujet qui ne l’est pas encore. Mais le traitement est sobre, intelligent, tellement humain. À quelques moments, les personnages sont un peu surréalistes (comme les parents de Stanley/Bree), mais le traitement sobre permet de ne jamais décrocher, d’y croire, de se laisser transporter.
Un film très touchant sur l’amour, l’amour propre, l’amour filial, le besoin et la recherche d’amour. Et sur l’acceptation et l’appartenance. Un «road movie» plein d’humour et de tendresse, qui fera voir du pays -et de toutes les couleurs- au «père» et son fils.
Réal.: Duncan Tucker, É.U., 2005.