Le premier film de Patrick Huard (en tant que réalisateur), vu tout récemment en très enthousiaste (mais non moins agréable) compagnie.
On en avait tellement entendu parlé, et tant de fois j’ai tenté d’aller le voir sans que cela ne soit finalement possible. La table était donc mise pour une potentielle déception.
Qui n’arriva pas: j’ai bien aimé.
Le scénario est intéressant et le rythme est assez bien maintenu. Le prémisse de base convenue mais efficace: trois frères en mal de couple/relation/amour, faisant face aux aléas on ne peut plus normaux (habituels? fréquents???) de la vie en ce domaine et leur façon d’y réagir.
Trois frères aussi différents que l’analogie le suggère. Mais qui sont tout de même liés par le sang, leur mère dans le coma et leurs quêtes respectives du bonheur, qui s’entrecroisent elles-mêmes très étroitement .
Beaucoup d’humour, de rebondissements. Les éternels clichés y figurent, mais sont traités avec auto-dérision et une bonne dose d’humanité. Malgré leurs caractères pas toujours très édifiants, disons, les personnages n’en sont pas moins attachants et souvent touchants. C’est surtout vrai pour les personnages masculins, par contre, car les femmes y sont dépeintes de façon beaucoup plus négative voir même hostile.
Même si ma préférence va assurément à Claude Legault (je sais, je n’en suis même plus crédible), j’ai trouvé tous les comédiens et comédiennes assez bons. Mention spéciale pour Guillaume Lemay-Thivierge, qui m’a même surprise par la justesse et le niveau de son jeu. Seul petit bémol à ce chapitre: Rémi (Paul Doucet) dont la crédibilité du personnage face à ce qu’il vit m’a un peu dérangée vers la fin. Mais je n’en dis pas plus, l’intérêt premier résidant assurément dans l’histoire.
Du reste, une des plus grandes qualités du film provient à mon humble avis de son absence de jugement/morale vs les sujets et situations traités. Et qui devient par la suite une bonne base –et ouverture- à discussions.
Huard a assurément un talent pour le côté visuel, sa caméra étant aussi intéressante que belle.
Réal.: Patrick Huard, Québec, 2007.
Catégorie : Un bon film, un!
Le malaise
MY GOD que je fais du coq à l’âne, moi, parfois, c’est –selon- déconcertant, surprenant, renversant…
Petite intro pour expliquer le cheminement qui m’a mené à ce billet, donc!
Dimanche soir, j’ai écouté en bonne partie «Tout le monde en parle», on & off à travers d’autres occupations et conversations.
Mais j’ai attrapé l’entrevue qui me tenait le plus à cœur, celle de mon idole de tous les temps, le grand Yvon Deschamps. Qui m’a un peu surprise, par ailleurs, de par ses propos, mais passons, ce n’est pas le but de ce billet.
Yvon Deschamps, donc, qui parlait du malaise et du grand plaisir (je crois que c’est le mot qu’il a utilisé) qu’il a retiré et qu’il retire encore en réaction à ses monologues souvent dérangeants. Ou qui traitent de sujets sérieux, pas toujours évidents, mais de façon tellement ironique, pour brasser un peu les spectateurs mais tout en les faisant rire. Il disait que c’est ce malaise, lui, qui l’intéresse le plus dans ce qu’il fait (si bien, j’ajoute!).
Je réfléchissais donc à cette notion de malaise, spécialement dans le cadre d’un spectacle, ou autre. Et c’est ce qui m’a fait repenser à un film que j’ai vu l’an dernier au FNC, qui m’avait effectivement procuré tout un sentiment de malaise. Et c’est vrai qu’il y a quelque chose de vraiment intéressant/fascinant dans la capacité de produire (volontairement) et de (réussir à) susciter un tel effet à travers une oeuvre, quelle qu’elle soit.
Ce film, c’est «La tourneuse de pages», avec Catherine Frot. Qui est, pour moi, une actrice de grand talent. Elle m’a ravie dans «Un air de famille». En fait je l’ai toujours trouvée très bonne. Bonne comme du bonbon, en quelque sorte. Qu’on imagine mal jouer des rôles de vilaines, ou des personnages ambigüs peut-être. Mais dans ce film, c’est tout à fait cela. Un personnage condescendant, méprisant, ambivalent, qui vient nous chercher. Un rôle déstabilisant (bizarrement autant pour le personnage dans le film que pour nous, on a l’impression – faut le voir pour comprendre) mais qu’elle a rendu avec brio et crédibilité.
Frot joue une grande pianiste de concert qui essaie de relancer sa carrière sur le déclin. Qui se trouvera une personne de confiance, amoureuse de musique elle aussi, pour la soutenir et tourner, au sens littéral, les pages de ses partitions.
De là, une drôle de relation, un jeu de pouvoir (et autres acabits du genre) s’installeront. Et cela nous/les mènera très loin. Je n’en dis pas plus, car tant l’histoire que cette ambiance si lourde sont d’un grand intérêt. Un bon film, à l’histoire assez dérangeante. Très bien réalisé, avec rythme et intérêt soutenus.
Réal.: Denis Dercourt, France, 2006. Avec Déborah François, très convaincante dans le rôle de la jeune tourneuse.
Stranger than fiction
Je croyais que je n’aimais pas Will Ferrell… alors qu’en fait, ce sont plutôt les films dans lesquels il a joué et les personnages qu’il a incarnés que je n’aimais pas.
Et ça, c’est Stranger than fiction qui me l’a confirmé.
Je ne me souviens même pas d’en avoir entendu parler. Et c’est ma super sœur qui me l’a prêté en me disant que j’aimerais. Et elle avait raison.
Une comédie intelligente, une histoire intéressante, un montage inventif et très rafraîchissant.
Ça m’a beaucoup plu, vraiment.
Avec, entre autres, les très talentueux-ses Maggie Gyllenhaal, Dustin Hoffman et Emma Thompson.
En deux mots (parce que beaucoup du charme réside dans le scénario), c’est l’histoire d’un homme ordinaire, qui travaille pour le service des impôts/du gouvernement, et dont la vie plus que programmée et ordinaire prend subitement une toute autre tournure, à sa plus grande incompréhension (et surprise). En grande partie grâce à sa montre-bracelet! Mais j’en dis pas plus…
Note à Jul et Carl: un genre de film que vous apprécierez un petit vendredi soir, après une grosse semaine!
Réal.: Marc Foster, É.U., 2006.
Notes on a scandal
Un film qui a tenu l’affiche bien timidement cet hiver, pendant une courte période. Mais qui a reçu quelques nominations aux Oscars, ainsi que quelques prix dans différents festivals à travers le monde. Que je voulais voir car j’avais beaucoup aimé le très émouvant «Iris», du même réalisateur.
Le film raconte l’histoire d’une jeune professeure d’art, fraîchement débarquée dans un collège secondaire et qui se retrouve bientôt sous l’aile protectrice d’une redoutée collègue au bord de la retraite. Avec qui elle développera une relation professionnelle assez ambigüe, plus spécialement lorsque son aînée découvrira la relation défendue qu’elle entretient avec un jeune étudiant.
Avec les extraordinaires Cate Blanchett and Judi Dench. Qui le sont à nouveau, dans ce dérangeant duo. Les deux actrices s’envoient la balle et se répondent de formidable façon. Elles ont toutes deux une grande crédibilité, qui se voit même renforcée par leur interaction à travers les personnages qu’elles incarnent. De grandes actrices, vraiment.
Une histoire très prenante, plutôt dérangeante, sur leur troublante amitié qui évoluera selon les événements et les jeux de pouvoir, de confiance et de trahison qui en découleront. Et à la lumière de leurs vies si opposées et de leurs ambitions respectives.
Réal.: Richard Eyre, Angleterre, 2006.
The Prestige
J’aime beaucoup ce réalisateur. Il nous a donné une de mes grandes révélations au point de vue cinématographique avec son casse-tête « Memento », un des rares films que j’ai d’ailleurs vu deux fois au cinéma!
Avec «The Prestige», son dernier film qui n’a pas tenu l’affiche très longtemps et donc, n’a pas fait un grand succès commercial (ce qui, dans mon livre à moi, est généralement porteur de bonne nouvelle), il nous révèle -sans nous révéler- les secrets derrière deux magiciens/illusionistes et rivaux sans merci, qui s’affronteront à tous les niveaux pendant toute leurs carrières respectives. Le film se passe en majeure partie à Londres, au tournant du siècle dernier.
Des rivaux qui repousseront les limites de la magie, des façons d’atteindre la renommée et le succès et ce, au détriment des gens qui les entourent… et d’eux-mêmes. Rien n’est épargné pour atteindre leurs ambitions, incluant la trahison, la jalousie et tous les coups bas imaginables et inimaginables.
Nolan reprend et utilise pour ce faire ses jeux de présent/passé/futur, nous perdant volontairement, puis nous retrouvant dans tous ces dédales d’événements et de revirements, jeux dans lesquels il excelle tant. Et ça fonctionne plutôt bien, une fois de plus, même si ce film n’a pas la grande complexité ni le très grand intérêt qu’avait suscité, pour moi, son premier.
Un film bien fait, bien réalisé, intéressant. La caméra est aussi sombre et mystérieuse que le sujet. Nolan recréé bien cette atmosphère trouble, remplie d’illusions et de confusion, tout comme la période qu’il dépeint.
Les comédiens sont vraiment très bons (Hugh Jackman (Robert) et Christian Bale (Alfred) dans les rôles principaux, ainsi que la valeur sûre qu’est le grand Michael Caine (Cutter) et la plantureuse Scarlett Johansson (Olivia)).
Mais probablement toujours sous l’emprise du vif souvenir de « Memento », je dois avouer une petite déception, certainement due au fait que j’avais donc beaucoup (trop?) d’attentes.
Qu’à cela ne tienne, c’est à voir, un intriguant et intéressant divertissement.
Réal.: Christopher Nolan, É.U./Angleterre, 2006.