Un film que j’étais certaine d’apprécier, mais dont l’extrême difficulté du sujet m’empêchait un peu de le faire. Parce qu’on a jamais envie d’être confronté à ce genre de drame de l’humanité, surtout lorsqu’on a la grande chance d’en être si éloigné.
Et c’est d’ailleurs là, en fait, que réside tout la difficulté du film: une histoire d’une incroyable violence, intolérable dureté, en passant par l’incompréhension, la tristesse absolue, et qui va jusqu’à l’impuissance et le désespoir. Et dont on ne peut prendre une certaine distance et se rassurer en se disant ensuite: «Mais ce n’est qu’une fiction, ce n’est pas vrai», puisque ces tragiques événements ont réellement eut lieu, il y a à peine 10 ans de cela maintenant.
Et ce qui est encore plus difficile, c’est qu’on est jeté à terre par les faits, les événements, qui, quoiqu’un peu romancés dans la forme (l’histoire d’amour), sont basés sur des personnages et des événements ayant existés. Alors que je n’ai presqu’aucun souvenir, à cette époque, d’avoir eu conscience de cet épouvantable génocide, qui se passait en Afrique pendant qu’ici, la vie continuait en parallèle.
L’adaptation au cinéma me semble très bien réussie (sans avoir lu le film (oups! livre!), cela dit), les comédiens sont tellement convaincants et touchants (dont principalement Fatou N’Diaye et Luc Picard, mais également tous les acteurs rwandais), la caméra et les images sont fidèles aux propos.
C’est d’autant plus troublants de penser que les acteurs, figurants et professionnels rwandais ont accepté de participer à une telle production et à la reconstitution de ces événements encore si frais à leur mémoire collective. Je conseille fortement de visionner le «making of», qui est presqu’aussi intéressant que le film, d’ailleurs.
Mais moi c’est vraiment l’ampleur de la désinformation et de l’inaction collective internationale, ainsi que l’impuissance des forces de l’ONU et des casques bleus, qui me sidèrent encore. Car ce n’est que beaucoup plus tard (assez récemment en fait), que nous en avons entendu parler et que nous avons été scandalisés par tout ceci. À travers le troublant récit du général Dallaire, entre autres.
Comment de tels actes, de tels gestes puissent être possibles entre civiles, gens d’un même pays, entre voisins, entre parents, même, au nom de la politique ou de la religion… c’est aussi bouleversant qu’épeurant. Parce que des guerres civiles il y en a encore à travers le monde et spécialement en Afrique (au Darfour), et ils ne sont malheureusement pas à l’abri qu’un génocide de cette ampleur se reproduise.
Réal.: Robert Favreau, Québec, 2006.
Un dimanche à Kigali
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