Je serai honnête avec vous: âmes sensibles s’abstenir. En fait, je dis ça et je suis consciente d’en être (toute) une moi-même, pourtant j’ai tellement aimé ce film. Je rectifie un peu le tir, donc: âme trop sensible et dans une mauvaise journée s’abstenir, mais se reprendre dès que ça va mieux! Parce que même si c’est un film très difficile, il m’apparait tellement important car il est le reflet d’une société et de situations si loins de nous, mais si représentatives de la réalité de ces gens, de leurs conditions de vie (ou de survie). Qu’on peut choisir d’ignorer, ou de se dire que la conscience de ce qui nous entoure, même des pires choses, est parfois mieux que l’inconscience ou l’indifférence. Ou l’aveuglement volontaire. En tous cas, moi je le pense!
L’histoire se passe dans le Kurdistan, entre la frontière de la Turquie et de l’Iraq. Le principal protagoniste est un petit garçon très débrouillard, avec un côté «business» aussi drôle que déroutant. Les gens du village l’appellent Kak Satellite, parce qu’ils amène à eux les nouvelles du monde à travers la télévision et les soucoupes, qu’il installe pour capter les chaînes. Il est entouré de plusieurs enfants de ce village, qui le suivent comme on suit un guide, un sauveur presque. Qui ont en lui une confiance aveugle. On y fait la rencontre d’enfants de tous âges, incroyables de lucidité, de débrouillardise, souvent handicapés mais tellement plus fonctionnels, courageux et volontaires que nous le sommes nous-mêmes à l’occasion! C’est incroyable.
Ça parle de peur et d’espoir au beau milieu d’un conflit armé. De la dure réalité, des champs de mines, des enfants abandonnés et blessés, de leur quotidien, de leurs aspirations plus fortes que tout: l’amour, l’amitié, la vie… et parfois la mort aussi, lorsqu’elle devient l’ultime délivrance. Le portrait que j’en fais est très dramatique. Le film l’est aussi, mais il est également beau, souvent drôle, très touchant, émouvant. Et il nous fait réfléchir…
Réal.: Bahman Ghobadi (Un temps pour l’ivresse des chevaux), Iraq/Iran, 2004.
Turtles can fly
categories: , De mes yeux vu