Mois : janvier 2005

Ma vie en cinémascope

Je ne pensais pas voir ce film, encore moins au cinéma. Le sujet m’était plutôt étranger et ne me semblait pas d’un grand intérêt (et bien personnellement) malgré les bonnes critiques (de toute façon, moi, les critiques…!). Mais je l’avoue, j’étais quand même curieuse…
Ô surprise: je suis bien contente d’y être allée! J’ai été très impressionnée par la prestation et les performances chantées de Pascale Bussières. Wow! C’est définitivement ce qu’on appelle une artiste polyvalente (et quasi-caméléon!). La plupart des acteurs et actrices sont bons (même si Nathalie Malette est surtout drôle dans son rôle de composition!).
C’est le côté historique de ce film qui m’a le plus intéressée. Je ne connaissais pas bien le Montréal des années 40-50 ni le «showbusiness» de cette période. Je n’avais certes aucune idée de l’ampleur de la carrière d’Alys Robi. Ni qu’elle avait été la conjointe de Olivier Guimond, qu’elle avait débuté avec la Poune (pas que je les connaisse vraiment eux non plus, mais j’ai entendu parler des personnages!). Ne serait-ce que pour ça, ça vaut la peine.
Il y a également un bon rythme qui est maintenu tout au long du film. L’intérêt est accru par le montage croisé, qui commence par le début de son hospitalisation avec, en parallèle et en «flashbacks», le début de sa carrière (depuis sa tendre enfance). Les histoires se chevauchent ainsi, nous fournissant une belle démonstration de sa détermination et de son talent, mais de toute la solitude,la détresse et finalement la déchéance auxquelles elle a dû faire face par conséquent. Très émouvant comme histoire. Vraiment tragique comme destin.
Réal.: Denise Filiatrault, 2004.

L’anecdote

Ça faisait des lunes que j’y étais allée! J’y suis retournée en fin d’année avec une copine, pour une petite bouffe rapide et pas chère, certes, mais tout de même bonne (pour ne pas dire LE VRAI mot: «co-chonne»).
L’Anecdote c’est le petit resto sympa de quartier coin Rachel et St-Hubert. Tout est pas mal «maison». Ils font des burgers, des frites, des sandwichs froids ou grillés, des salades, des omelettes, vous voyez le genre?!? Les portions sont généreuses. Ça goûte réconfortant. Un exemple d’application du mot «cochonne» à cette nourriture: les sandwichs sont servis avec des chips… maison! Et fraîchement faites (je n’ose m’avancer sur la «trans-sité» des gras, par contre… on veux PAS le savoir!!!). Même les «grilled cheese» sont délicieux, avec des ingrédients de qualité et frais -juste bons-.
Leurs salades sont servies avec des petites vinaigrettes maison, très simples mais savoureuses. Genre jus de citron, sauce soya et huile d’olive. Ça a l’air de rien comme ça, mais c’est plutôt agréable pour le palais!
Et le summum du summum (d’ailleurs, ça me fait penser de préciser que, idéalement, on mange pas trop «cochon» avant, si on a pas un énorme appétit et qu’on aime le dessert!), parce qu’ils ont des tartes à se rouler à terre (rhubarbe et fraise ou sucre – DIVINES!) et des gâteaux maisons. Je pense que les tartes viennent d’ailleurs, mais je ne me souviens plus trop!?!
Un petit endroit sans prétention, le personnel est sympa, avec des banquettes (j’aime ça, moi, les banquettes!). Et si on est trop plein, on peut toujours aller prendre une petite marche ensuite pas loin, sur Rachel ou Mont-Royal!?!
P.S. Je ne peux croire que je parle (j’écris!) encore de bouffe après deux semaines d’intense gloutonnerie alimentaire et liquide!?! Comme quoi l’estomac est définitivement extensible, et que le mien est assez flexible, merci!
801 rue Rachel est, Montréal.

Pierre Lapointe – Prise 1 de 2

Et quelle découverte! Je me souviens encore du moment précis où je l’ai entendu pour la première fois, à la radio. J’étais saisie. Sur le coup, je ne savais trop quoi en penser. J’avais spontanément été séduite par la voix mais trouvé le style musical très particulier. Un mélange de Brel (un peu), de rythme de cabaret/comédie musicale, de mélodies parfois très nostalgiques, très théâtrales, avec des textes denses et souvent lourds de sens… sonorité assez originale, somme toute! Avec sa voix -et son talent- qui sont vraiment uniques.
Les artistes comme Pierre Lapointe me fascinent. J’ai parfois l’impression que je ne saurais que faire (ou comment?) de tout ce talent réuni en une seule personne! Magnifique don mais aussi énorme responsabilité – celle de l’exploiter complètement, entièrement, toujours plus loin. Il signe les paroles, la musique, plusieurs arrangements, toutes les voix et même le piano de cet album. Fascinant, je le répète! Et il semble si jeune.
Je suis consciente de me prêter ici -et bêtement- à comparer des pruneaux secs avec des mangues juteuses et bien mûres, mais quand je pense à des artistes comme lui qui doivent travailler si fort pour gagner (je l’espère!) leur vie et ce, malgré tout leur talent, puis que je fais le parallèle avec les succès-instantanés-populaires à la Star-machin… j’en ressens une profonde tristesse! Et une grande lassitude, empreinte de futilité (en tant que membre -même involontaire!- de ce peuple amateur de facilité et de superficialité, disons). Mais ça, c’est une toute autre histoire! Ciel que je suis parfois «engagée», disons!
J’aime beaucoup PL, et j’aime son cd. Je n’aime pas toutes les chansons, mais j’en aime plusieurs. J’ai plus de difficultés avec celles qui ont des airs très sombres, disons. Une certaine lourdeur s’en dégage pour moi (par exemple «Debout sur ma tête» ou «Étoile étiolée»). À l’inverse, je suis tombée follement amoureuse avec «Poitant le nord», un petit bijou de chanson qui me fait pleurer d’émotion à chaque fois (ce qui n’est pas très pratique, par contre!). Cette chanson-là me touche tellement. Et le plus bizarre est que je ne peux pas VRAIMENT expliquer pourquoi (à part que je la trouve enlevante et magnifique), car c’est une autre particularité de cet album/de PL: (je vous fait ici ma première confidence de 2005 – et sûrement pas la dernière!) j’avoue humblement ne pas toujours bien saisir quelques-uns de ses textes (ou du moins en avoir la forte impression). C’est probablement ce qui explique que, si les mélodies et les airs me restent longuement en tête, les paroles, elles, ne font souvent que passer. Elle me reviennent ensuite «en direct» quand je les écoute, mais je n’arrive pas bien à les retenir. Poésie complexe et désarmante. Ou peut-être un peu trop loin de moi?
«Le colombarium», «Place des Abesses», «Hyacinthe la jolie» (sûrement les plus connues) sont comme des petites fêtes d’été rafraîchissantes, malgré la gravité de leurs sujets. Ça s’écoute si bien! À nouveau, je pense que ce sont les mélodies très théatrales qui me donnent cette impression.
Ce vendredi, je vais voir son spectacle (grâce à mon amie Julie L – encore merci ma belle fille!). J’ai très hâte et en même temps je me sens un peu fébrile. Sentiment d’anticipation un peu obscur. Je vous en reparle donc, en prise 2!
Pierre Lapointe – album éponyme, Étiquette Audiogramme, 2004.

Turtles can fly

Je serai honnête avec vous: âmes sensibles s’abstenir. En fait, je dis ça et je suis consciente d’en être (toute) une moi-même, pourtant j’ai tellement aimé ce film. Je rectifie un peu le tir, donc: âme trop sensible et dans une mauvaise journée s’abstenir, mais se reprendre dès que ça va mieux! Parce que même si c’est un film très difficile, il m’apparait tellement important car il est le reflet d’une société et de situations si loins de nous, mais si représentatives de la réalité de ces gens, de leurs conditions de vie (ou de survie). Qu’on peut choisir d’ignorer, ou de se dire que la conscience de ce qui nous entoure, même des pires choses, est parfois mieux que l’inconscience ou l’indifférence. Ou l’aveuglement volontaire. En tous cas, moi je le pense!
L’histoire se passe dans le Kurdistan, entre la frontière de la Turquie et de l’Iraq. Le principal protagoniste est un petit garçon très débrouillard, avec un côté «business» aussi drôle que déroutant. Les gens du village l’appellent Kak Satellite, parce qu’ils amène à eux les nouvelles du monde à travers la télévision et les soucoupes, qu’il installe pour capter les chaînes. Il est entouré de plusieurs enfants de ce village, qui le suivent comme on suit un guide, un sauveur presque. Qui ont en lui une confiance aveugle. On y fait la rencontre d’enfants de tous âges, incroyables de lucidité, de débrouillardise, souvent handicapés mais tellement plus fonctionnels, courageux et volontaires que nous le sommes nous-mêmes à l’occasion! C’est incroyable.
Ça parle de peur et d’espoir au beau milieu d’un conflit armé. De la dure réalité, des champs de mines, des enfants abandonnés et blessés, de leur quotidien, de leurs aspirations plus fortes que tout: l’amour, l’amitié, la vie… et parfois la mort aussi, lorsqu’elle devient l’ultime délivrance. Le portrait que j’en fais est très dramatique. Le film l’est aussi, mais il est également beau, souvent drôle, très touchant, émouvant. Et il nous fait réfléchir…
Réal.: Bahman Ghobadi (Un temps pour l’ivresse des chevaux), Iraq/Iran, 2004.