Le 2e film de Ghislaine Côté, qui avait mis la barre haute avec son très touchant et réussi «Elles étaient cinq».
Un film un peu bizarre, au montage plutôt décousu, comportant plusieurs petites histoires parallèles mais sans vraiment réussir à les intégrer toutes.
Le scénario est intéressant. C’est l’histoire d’une grande et complexe famille, réunie lors de la mort de l’un d’entre eux, et de tous les secrets qu’elle cache depuis tant d’années à plusieurs de ses membres. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi le film ne s’intitulait pas plutôt «Secrets de famille» ou quelque titre du genre, mais ça, c’est juste moi!?!
Le rythme est inégal, nous montrant de très touchants moments, de jolies scènes, puis passant au drame, mais pas toujours de convaincante façon. Certains moment plus forts et supposément sérieux m’ont d’ailleurs semblé presque drôles… probablement contre toute intention, d’ailleurs.
Les performances d’acteurs et d’actrices sont aussi inégales et, dans quelques cas, un peu décevantes, comme pour Ginette Reno, Clémence Desrochers, Benoit Girard, Marie-Chantal Perron et même, à mon très humble avis, le (quand même très beau!) David Boutin. À l’inverse, j’ai bien aimé le jeu de l’excellente Céline Bonnier, de la surprenante Joëlle Morin, de même que des très convaincantes Paule Baillargeon, Bianca Gervais et Catherine Bégin.
Pour avoir vu plusieurs fois la bande-annonce, ma plus grande déception fut certes de ne pas avoir ressenti ni être charmée par la grande histoire d’amour supposément à la base même de ce récit. Mais je le jure, ce n’est pas faute d’avoir vraiment essayé!
Réal.: Ghislaine Côté, Québec, 2006.
Catégorie : De mes yeux vu
The Illusionist
Un film qui m’ingriguait depuis un moment. Je me suis finalement résolue à le louer, à ma plus grande satisfaction, puis-je affirmer un peu «linéairement» maintenant!
Un très bon scénario, à l’intrigue bien ficelée, avec une belle et intense histoire d’amour doublée de drame, de jalousie, de manipulation, de préjugés. Un habile jeu de mains et de pouvoir, à l’image des personnages en scène : une duchesse (Jessica Biel – magnifique) amoureuse d’un magicien et illusioniste (Edward Norton – également magnifique, dans tous les sens du terme…- et dans ce rôle qui semble écrit pour lui), eux-mêmes suivis de près par un policier (excellent Paul Giamatti) et son informel patron, prince aspirant à la couronne de Vienne et à une union matrimoniale avec la duchesse (très convaincant Rufus Sewell).
La caméra est très belle, très léchée, un mélange de sophistication visuelle, de traitement de couleur, d’effets d’ombre et de lumière. L’action se déroule au début des années 1900 en Autriche, et le traitement de l’image ainsi que les changements de plans nous rappellent les débuts du cinéma, avec couleurs foncées, riches, chaudes (dominance de sépia) et pleines de mystère, comme le sujet.
La musique est également très belle et omniprésente. Teintée de classique, très théâtrale, elle vient scander le rythme et appuyer l’action, devenant presque un personnage.
Le film est intéressant du début à la fin, intriguant, le rythme est soutenu. Bon équilibre entre le drame et l’humour, l’illusion et la réalité, le rêve et la désillusion…
Réal.: Neil Burger, É.U., 2006.
Le couperet
Une comédie de surface qui n’en est pas une au fond, où le drame est omniprésent mais traité avec une désopilante légèreté. On rit un peu jaune, mais on rit quand même. Et on se sent presque mal (ou complice?) de le faire… bruit de déglutition un peu difficile! (ok, ok, j’exagère un peu, c’est pour être marketing!!!)
Le comédien principal, José Garcia, est vraiment très bon. Il nous tient en haleine presque tout au long du film, ne sachant jamais trop sur quel pied il se mettra -ou non?- à danser. Casting impeccable, il a vraiment la gueule de l’emploi, sans jeu de mots déplacé! Sa partenaire et épouse, jouée par l’excellente Karin Viard, lui rend bien la réplique. Un peu surprenante dans ce rôle intense mais tout en douceur, en retenue.
Quelle histoire! Un cadre très expérimenté, biochimiste spécialisé dans l’industrie du papier se voit remercié de l’entreprise où il travaille lors de la restructuration de celle-ci et se retrouve, bien malgré lui, au chômage. Après une analyse profonde et plutôt drastique de la situation et de ses chances de retrouver un poste à la hauteur de ses compétences, il décide d’utiliser tous les moyens possibles pour y arriver… ça va très loin, pour paraphraser Anémone dans «Le Père Noël est une ordure»!
Costa-Gavras réussit à nous faire croire au sérieux de la situation et des événements tout en nous divertissant, ce qui n’est pas qu’une mince affaire dans ce contexte. Tourné en différents huit clos, un peu comme une pièce de théâtre, ce film nous démontre bien l’absurdité du marché du travail dans lequel nous évoluons et l’ampleur du pouvoir qui y est sous-jacent. Une habile satyre, quoique un peu longue par moments.
Réal.: Costa-Gavras, co-production France/Belgique/Espagne, 2005.
Bon cop, bad cop
Je savais que je le verrais, ce fameux «blockbuster» franco-anglo-canado-québécois, mais j’avais résolu que ce serait en location. Je m’attendais donc à un film rempli d’action et de cascades, à l’américaine, donc!, avec de bons comédiens.
Je me suis exécutée tout récemment, pendant le congé des Fêtes, en compagnie de ma soeur et de mon beau-frère.
Et effectivement, c’est vraiment un film d’action et de cascades, bien tourné et bien réalisé. Mais c’est aussi un film drôle, caricatural de nos «deux solitudes» et à l’humour intelligent. Et ce qui m’a vraiment plu, c’est la surprenante simplicité derrière cet ambitieux projet qui au fond, est un bon gros «trip de gars» et de gang, qui ne se prend pas trop au sérieux.
Tous les comédiens sont vraiment bons, en commençant par les deux rôles-titres, Patrick Huard et Colm Feore. Mais aussi Sylvain Marcel, Lucie Laurier, Sarah-Jeanne Labrosse (la fille de Huard et Laurier), Pierre Lebeau et même Louis-José Houde, formidable dans son tout petit rôle de grande composition.
Le fim raconte l’histoire de deux policiers, un québécois et un ontarien, appelés à enquêter sur un meurtre qui s’est produit sur la frontière même des deux provinces. Et qui prendra bien vite une toute autre tournure, tant en ampleur qu’en complexité pour les deux policiers qui y sont liés bien malgré eux.
Le scénario est peut-être un peu tiré par les cheveux, ou en fait je me suis demandée si il était suffisant pour justifier un tel deux heures de grands rebondissements? Mais le rythme est bon, les images sont très belles, la caméra est complice de l’intrigue.
Sur le dvd, il y a trois versions du film: anglaise sous-titrée en français, française sous-titrée en anglais et la version telle que produite, soit complètement bilingue. Cette dernière, quoique ambitieuse en théorie, est très bien faite et fonctionne parfaitement, tant au niveau de la compréhension que des clins d’oeil et de l’humour (à condition, bien évidemment, de parler et comprendre les deux langues!).
Il y a aussi quelques longueurs, mais au final, j’avoue avoir été agréablement surprise par ce film d’un genre plutôt rare pour une production québécoise, et somme toute assez réussi.
Réal.: Éric Canuel, Québec, 2006.
Volver
Le dernier film d’un de mes réalisateurs préférés. Et j’ai fait ce que je fais souvent quand il sort un film: je me retiens, je fais durer l’attente pour mieux apprécier le plaisir et, quand je n’y tiens plus, j’abandonne et je me rends… au cinéma en courant!
J’ai beaucoup aimé «Volver», mais ce n’est pas mon préféré. En fait, je dis ça et en y réfléchissant un peu, je serais bien embêtée de dire lequel de ses films serait effectivement mon préféré ?!? Parce que je les aime tous, chacun à sa façon et selon sa spécificité ou sa particularité. Mais comme ils ont tous la touche de ce réalisateur, sa grande sensibilité, sa folie, sa passion, son intensité, ses excès, sa pudeur, son sens du drame, son humour, chacun à différent degré.
Ce film raconte l’histoire de mères et de filles, des relations parfois difficiles, parfois complexes mais toutes loin d’être banales ni simples. Avec comme point de départ une mère décédée qui revient dans son village natal pour régler une situation restée en plan avec sa disparation. Un film empreint d’une grande pudeur, moins d’excès et d’exhubérance mais toujours autant d’amour, autant de drame, traité avec légèreté et humour. La musique est toujours aussi présente et intense, et nous livre ainsi les moments les plus émouvants et touchants du récit.
Almodovar s’est encore entouré de quelques-unes de ses muses, comme la formidable Carmen Maura, la très bonne Lola Dueñas et la surprenante Penelope Cruze, qui y est excellente.
De très belles histoires d’amour filial, d’amitié, de voisinage et, dans tous les cas, de relations savoureusement colorées et atypiques.
Réal: Pedro Almodovar, Espagne, 2006.