En discutant avec une amie récemment (à qui j’ai prêté les dvds), toute la série m’est revenue en mémoire, avec toute sa simplicité et toute sa splendeur.
À mon avis, une des meilleures séries télévisuelles québécoises, sinon LA meilleure. Ce ne fut certes pas un énorme succès populaire (ce qui, dans mon cas personnel, est généralement rassurant) mais une belle série, bien écrite, bien tournée et merveilleusement bien réalisée.
Stéphane Bourguignon a signé les textes. Un petit projet tout simple à la base. Celui de parler de sa génération (et donc de la mienne – yé!), de ce que l’on vit, de ce qui nous préoccupe, de ce qui nous tient à coeur et nous fait peur. De ce qui nous fait envie aussi et même parfois rêver. Notre vie globale et notre vie quotidienne. Beaucoup de simplicité et d’authenticité à travers tout ça. Avec comme noyau un groupe d’amis, début trentaine: un couple/Marie et Simon, leurs amis Claire, Vincent et Jacques (un homosexuel qui est également le frère de Marie). Ça parle des vraies choses. Des joies, des peines, des remises en questions, des doutes, des erreurs et des bons coups. Ça fait du bien…
À travers les épisode et les saisons, j’ai ri -beaucoup!-, j’ai réfléchi, j’ai pleuré. Je me suis également et régulièrement identifiée, reconnue dans ces histoires et j’en ai été très soulagée. Et le plus important: je me suis sentie tellement moins seule, parfois, dans ce que je vivais ou ce que j’avais vécu. J’y ai redécouvert (ou découvert) des comédiens si justes, si talentueux. Si crédibles. Des rôles sur mesure, on croirait. Je me suis tant attachée à ces personnages et à leurs vies (une première dans mon cas!) que quand la série a pris fin, j’ai vécu comme un petit deuil! Du moins, un petit chagrin. Assez spécial comme sentiment…
La musique originale et toute la trame sonore sont vraiment très belles, admirablement bien adaptées à la série et nous restent en tête longtemps après. La mise en scène est éclatée, sans cesse différente, renouvelée, toujours si bien intégrée avec le sujet, les thèmes, l’humour. Beaucoup d’humour. Montage inventif, renouvelé, extrêmement bien fait, plein de surprises, de clins d’oeil. De magnifiques images, tant des personnages et de leur environnement que de Montréal toute entière.
Une formidable tranche de vie sur une génération qui se cherche et se trouve parfois! (parfois même souvent!), qui aspire à beaucoup, qui est tantôt déçue mais qui se relève chaque fois pour affronter de nouveaux projets ou défis. Sur son rapport avec le travail. Sur ses liens avec la famille, les amis et l’amour. Sur la place que prend chacun, au quotidien. Sur la richesse et sa nouvelle définition, propre à chacun. Mais qui se réfère bien souvent davantage à notre vie entière, au temps que nous avons, aux gens et aux relations qui nous entourent, qu’à de simples considérations monétaires.
Réal.: Patrice Sauvé. Co-produit par Nicole Robert.
Catégorie : De mes yeux vu
Kinsey
Petite anecdote en passant (pas le resto, un fait amusant!). Je suis allée voir ce film cette semaine avec Julie Pwune. En fait, nous étions deux à faire notre entrée -ensemble- dans la salle pour voir ce film… mais nous nous sommes retrouvés trois, à la sortie de celui-ci! Allez comprendre!?! (la vie nous réserve parfois bien des surprises!).
Nous avions envie de voir ce film depuis déjà un bon moment. Mais le côté potentiellement arride du sujet (une biographie/proche du documentaire) nous rebutait chaque fois. C’est la curiosité qui l’a finalement emporté, et nous en sommes bien contentes!
Liam Neeson nous offre une performance incroyable. Il est d’une éloquence, ce qui contraste merveilleusement bien avec le côté terre à terre et quasi-technique de l’homme qu’il incarne. Laura Linney est également excellente. Dans un registre beaucoup plus sobre, mais tout en nuances quand même (elle joue la femme du Dr).
J’ai beaucoup apprécié de connaître mieux l’histoire de cet homme, mais aussi de toute la génération et des moeurs dans lesquelles il a évolué. Un homme déterminé, têtu, assez froid. Mais en même temps si ouvert aux autres et possédant une réelle volonté d’aider les gens, de les faire évoluer. Un beau pari bien rendu, tant pour l’acteur que le réalisateur.
En partant des insectes, le professeur et zoologiste Alfred Kinsey étudie les comportements humains et surtout sexuels. Il fait des comparaisons et des rapprochements. Il pousse très loin ses recherches, toujours dans l’objectif avoué de faire avancer les connaissances scientifiques. Il a par la suite écrit deux livres très controversés sur les comportements sexuels masculins et féminins (basés sur les témoignages reccueillis lors de milliers d’entrevues qu’il a réalisées avec son équipe).
Le film démontre bien la différence entre la biologie, les pulsions, la sexualité et les sentiments, leur indissociabilité aussi, en même temps (et heureusement!?!). Le pouvoir qu’ont eu la religion, la culpabilité et la morale sur les générations qui nous ont précédés. Il nous illustre également la même dualité qui a régi le personnage et la vie de celui-ci. Ses contradictions, son insatiable curiosité, sa grande intransigeance.
Un film bien tourné, bien réalisé. Au montage simple mais intéressant. Très drôle par moment, qui nous surprend et nous fait longuement réfléchir. Sur ce passé si récent, mais tellement constrastant avec notre réalité actuelle en même temps. Et sur l’évolution future de notre société à ce chapitre. Du moins, on se le souhaite!
Réal.: Bill Condon, É.U., 2004.
24
En théorie, pas du tout mon genre de série. En pratique: TOUT À FAIT (et probablement parce qu’elle ne tient justement pas tellement de la théorie mais bien de la super-pratique!?)! Une série débordante d’action, remplie d’intrigues de toutes sortes, tellement intense (aaaaah! voilà peut-être ce qui me rejoint?!). Et avec des HOMMES, des vrais! OUI MONSIEUR, OUI MADAME! En même temps …pas si vrais que ça, parce que c’est très exagéré, mais bon!, on a le goût d’y croire! Pas sûre pour les femmes, par contre… mais peu m’importe au fond! (comme je suis de mauvaise foi! Avouée, toutefois! Suis-je donc pardonnée???)
24, c’est d’abord un concept vraiment intéressant (et très innovateur, à ses débuts). Une journée -24h en temps réel-, incluant les pauses publicitaires, puisque cette série est conçue pour la télé. Avec le chronomètre à l’écran et tout. Vraiment bien pensé. Bien sûr, après trois saisons, l’effet de nouveauté n’y est plus (qu’est-ce qu’on est facilement blasés, nous, les consommateurs d’aujourd’hui, non?) mais l’intérêt demeure. Surtout après les trois premières saisons/journées et tout ce qui s’est passé. On se demande VRAIMENT ce qui pourra bien arriver ensuite… Le rythme est infernal et soutenu. Bien sûr, il est condensé et exagéré à cause du concept même de la série, mais une fois embarqué, on passe par-dessus!
Le CTU (Counter Terrorist Unit) est une filiale du gouvernement américain qui œuvre à la protection des dirigeants, des citoyens et du pays en entier. Contre les attaques potentielles terroristes, donc (hmmmm! ça vous rappelle quelque chose!?!). Kiefer Sutherland (Jack Bauer) en est l’agent-fédéral-vedette. Les trois journées gravitent donc autour du CTU et de multiples événements compliqués d’ordre local, national et même international.
Il n’est d’aucun intérêt (pour vous comme pour moi) de raconter ici toutes les histoires, à travers les 3 journées. D’abord parce qu’elles sont si denses et si complexes (ce serait trop long) mais ensuite parce que c’est ce qui fait en grande partie l’attrait de cette série. On a hâte à la prochaine heure, tout peut basculer dans un sens comme dans un autre (ou encore mieux: dans un tout autre/tout nouveau sens), c’est captivant. Une série qui a vraiment les moyens de moyenner, en plus, ce qui aide terriblement à la crédibilité et au niveau de tension qui en émane.
Je suis vraiment tombée en amour avec la saison I, j’ai ADORÉ la saison II, j’ai BEAUCOUP AIMÉ la saison III. J’attends avec impatience la 4e, dont la diffusion hebdomadaire vient de commencer à la télé. Mais je suis incapable de la suivre ainsi. Il me faut une cassette de plusieurs épisodes ou les dvds de la saison complète. C’est tellement plus formidable de le suivre comme ça, on entre complètement dans le récit.
Kiefer Sutherland… c’est le HÉROS (le mot est faible, croyez-moi sur parole si vous n’avez jamais vu la chose!), mais c’est aussi un des producteurs. Par conséquent, c’est un homme épuisé jusqu’à la corde (hihihi! je déconne!) c’est un homme talentueux, visionnaire (et sûrement très riche!). Avec une gueule de truand MAIS QUI NE L’EST PAS! YÉ! On peut l’aimer sans se sentir coupable! Et une voix… une voix… même les annonces de Ford me font maintenant de l’effet! (pas à cause des voitures, bien sûr!, mais parce qu’il leur vend sa voix pour le marché USA). Mais quand il nous annonce, de sa belle voix grave et suave: «Previously, on 24…» ou «The following takes place between ….» je fond, je craque, à tout coup! Une mention spéciale aussi pour le beau grand Sénateur David Palmer (joué par Dennis Haysbert) et le magnifique Tony (Carlos Bernard), membre du CTU. Des acteurs convaincants… et séduisants! (de l’Homme, je vous l’ai dit!!!).
Une autre des clés de cette série, comme l’avait si bien résumé ma copine Martine (que je remercie encore, car c’est elle qui me l’a fait découvrir): il y a plein de gens impliqués dans les intrigues, de près ou de loin. Mais on peut être certain-e que quand on aperçoit un personnage plus d’une fois, ce n’est pas pour rien! Il y a assurément une raison, un rapport, un lien! De fait, tous les personnages sont complexes, avec de très larges zones de gris. Il est généralement difficile de savoir de quel côté ils se trouvent, avant longtemps (c’est une série américaine, alors il y a deux grands côtés: les bons -à différents degrés- et les méchants, à différents degrés aussi) (que voulez-vous…!).
C’est une série qui s’inspire librement (et par pure conïcidence?!?!) des événements de l’actualité américaine des dernières années. Elle peut probablement contribuer à la paranoïa actuelle du terrorisme, elle est assurément une certaine propagande américaine et politique. Mais moi, j’ai choisi d’y voir simplement le fabuleux divertissement. Et j’en suis fort aise!
24, 20th Century Fox, É.U., Saisons I, II et III – 2001 à 2004. Plusieurs réalisateurs (dont Jon Cassar et Paul Shapiro) et producteurs.
Temporada De Patos
Un bon samedi soir de l’automne dernier, salle Parallèle de l’Ex-Centris, Festival du nouveau cinéma (quoi d’autre?). Avec super-Julie (Pwune) et son Denis de chum. Jusque là, tout va bien: je suis heureuse! – et le meilleur reste peut-être ENCORE à venir, me dis-je même (si cela se peut), toute excitée par la perspective!?!
Le film commence lentement. Une tour d’appartements résidentiels, dans un quartier industrialisé de Mexico (je crois). Environnement de béton. Appartement assez simple d’une famille à revenus moyens. Tourné en noir et blanc, mais riche en nuances (beaucoup de gris, il me semble!).
Tout au long du film les transitions se font en douceur, «fade in/fade out». Une caméra fixe, qui semble, comme le film lui-même, souvent arrêtée dans le temps. Je suis perplexe un petit moment, à me demander si j’aime vraiment, et même si je trouve déjà les personnages attachants, plutôt rigolos. En fait, je suis davantage curieuse que sceptique.
Tout le récit se passe dans cet appartement, avec quatre personnages qui n’ont apparemment rien à voir entre eux, rien en commun: le jeune garçon qui habite ce logement, un de ses ami, la voisine (qui vient faire cuire un gâteau) et le livreur de pizza (arrivé 30 secondes en retard – eh oui! même au Mexique, ils ont la formule livraison 30 minutes!). C’est le refus du livreur de quitter sans son argent et le refus des jeunes hommes de le lui donner qui est à l’origine de ce drôle de groupe! Ils décident de jouer le tout quitte ou double, puis de petites histoires s’installent doucement entre eux et l’incident est oublié. Les dialogues sont drôles, simples. On rit de plus en plus. On ne sait trop ce qui arrivera ensuite.
C’est un gâteau «bien épicé» qui arrivera donc, «instigateur» inattendu d’une douce folie générale! Des fous rires, des expérimentations (et beaucoup de «munchies»!). Les sujets des conversations deviennent plus sérieux, propices aux confidences. Le déménagement de l’un, la peine d’amour de l’autre, la découverte mutuelle des deux derniers…
Un premier film très intéressant et inventif, avec des comédiens amateurs (et impressionnants). Qui parle -avec une légèreté apparente- d’amitié, de famille, d’amour et de rupture. C’est drôle, c’est touchant. C’est tout bon!
Réal.: Fernando Eimbcke, Mexique, 2004.
Or, mon trésor
Énième exemple de ma cuvée 2004 du Festival du Nouveau cinéma. Le genre de film à ne pas voir, idéalement, seule un dimanche pluvieux et froid. Ce fut mon cas! Ces détails techniques ne m’ont toutefois pas empêcheé de l’apprécier. Mais l’intensité ressentie y était certainement en conséquence (et proportionnelle).
L’histoire se passe à Tel-Aviv. Or est la courageuse fille (adolescente) de Ruthie, elle-même brebis plutôt égarée et prostituée à ses heures. Le film raconte le courage de Or et ses nombreuses tentatives pour ramener sa mère à une vie plus saine, tout en s’occupant de leur survie et en essayant de poursuivre ses études. Trois buts qui ne sont pas nécessairement compatibles, du moins entrepris tous à la fois -par une adolescente seule- (jeune, vulnérable et influençable).
Ruthie est une femme et une mère attendrissante et navrante à la fois, en mal d’amour et d’oubli. Or, quoique pleine d’énergie et de ressources, réalisera tôt ou tard qu’elle ne peut changer sa mère malgré elle, même si c’est pour son propre bien. S’ajoutent à cela la dure réalité des conditions de vie de ces femmes seules dans une ville israélienne. Dans une société passablement masculine, exclusive et discriminatoire, bourrée de préjugés envers les femmes (et même de la part d’autres femmes).
Tourné très simplement, comme un documentaire, comme un constat. Pas de morale, pas de jugement. Les deux comédiennes principales sont tellement convaincantes, d’une justesse vraiment très touchante. Plans fixes, sans artifice ni musique.
J’ai beaucoup aimé ce film. J’y ai repensé longtemps (et j’y repense encore). C’est triste et dur. Même à l’autre bout du monde dans une société à mille lieues de la nôtre, les quêtes demeurent les mêmes: celles de l’acceptation, de l’amour, d’un certain bonheur. Qui flirtent avec l’espoir mais aussi le désespoir, tous deux intimement liés et si fragiles.
Une première oeuvre intense et prometteuse pour cette réalisatrice.
Réal.: Keren Yedaya, France/Israël, 2004.