Il a fait couler beaucoup d’encre, fait rouler beaucoup de souris, fait parler beaucoup de gens depuis ses 3 prix remportés à Cannes au printemps.
Et pour cause, puis-je ajouter maintenant.
C’est définitivement ce que l’on peut appeler avoir du talent. Beaucoup de talent et d’imagination.
Je me rallie: Xavier Dolan est déjà, malgré son tout jeune âge (à peine 20 ans), un bon cinéaste, et un très bon comédien.
C’est drôle, en fouillant un peu, j’ai retrouvé son « jeune » parcours et surtout, ses débuts: le petit garçon qui jouait dans les pubs de Jean-Coutu réalisées par André Melançon en 1997, aux côtés de Geneviève Lallier-Matteau (qui faisait sa grande soeur). Et qui était déjà prometteur.
On peut aimer ou non ses sujets de prédilection (relation difficile et très lourde avec sa maman, l’homosexualité) mais on ne peut nier son talent.
C’est un film réalisé très simplement, avec de très petits moyens. Rien de nouveau ou de révolutionnaire dans le traitement ou les effets, mais rempli d’imagination et, je l’ai dit, de talent.
Malgré la lourdeur des sujets, la caméra est simple et vivante, en mouvement. Les plans sont intéressants. Par exemple: ceux où chaque personnage est cadré seul à gauche et son « vis-à-vis » dans la scène en question seul à droite dans le plan suivant, pour mettre en image l’opposition que le dialogue créé, au lieu de les rapprocher. Il y a également la narration qui est efficace, faite de plans de Dolan en noir et blanc.
Les comédien-ne-s sont également formidables. Que dire de Anne Dorval, qui nous livre une scène d’anthologie, au téléphone avec le Directeur du pensionnat. Et Suzanne Clément, Patricia Tulasne, François Arnaud, qui sont tous très vrais, très crédibles.
Au final, ça se la joue un peu, c’est vrai. C’est plein de partis pris, au service des thèmes exploités, mais c’est également très percutant. L’humour -ou plutôt le sarcasme et le cynisme à outrance- est très efficace pour faire passer le tout, et semble avoir joué un grand rôle dans la vie et la vraie histoire du réalisateur.
Réal.: Xavier Dolan, Canada, 2009.
Catégorie : De mes yeux vu
An Education
Film issu de la cuvée 2009 de mon adoré FNC, qui vient à peine de se terminer.
D’ailleurs, je ne pensais jamais qu’il sortirait si rapidement au grand écran. J’essaie de voir un maximum de films au festival dont je ne suis pas certaine de la sortie éventuelle, et bien sûr, je me gâte de quelques autres ‘sure bet’, que je vois donc en primeur. Ben, quoi!?! J’vais m’gêner, peut-être???
J’en reviens au film ‘An Education’, de Lone Scherfig. J’aime beaucoup la sensibilité de cette réalisatrice. Pleine de délicatesse mais aussi d’assurance, empreinte de sobriété dans une démarche cinématographique assez personnelle, mais qui s’inscrit quand même de façon majeure et indéniable.
Un très bon film, qui nous fait découvrir une jeune actrice dans toute sa mesure: Carey Mulligan (elle a tenu de petits rôles dans d’autres films, dont Public Enemies, que je n’ai pas vu). Alors là: coup de cœur. Vraiment. Elle est fabuleuse dans le rôle principal de Jenny, une jeune et brillante étudiante dans le Londres des années 60, au futur on ne peut plus prometteur. Qui fait la rencontre d’un homme beaucoup plus âgé qu’elle (genre, le double), qui viendra changer son destin.
Version vraiment, vraiment résumée. Car je ne veux pas raconter l’histoire plus en détails.
L’homme en question est joué par l’excellent Peter Sarsgaard (qu’on a vu récemment dans ‘Elegy’ de Isabel Coixet), que j’ai encore confondu avec Ewan McGregor, pour une raison que j’ignore. Je trouve vraiment qu’ils se ressemblent. Et tous deux sont très talentueux… Ce n’est peut-être que cela?
Un des intérêts premiers du film est de nous parler de cette époque, des rapports et de la dynamique entre les hommes et les femmes dans la société occidentale des années 60 et surtout, des choix qui s’offraient à eux/elles à travers cette touchante histoire. C’est très intéressant, et la reconstitution est bien rendue.
Je dois aussi mentionner quelques autres formidables acteurs et actrices, au passage: Alfred Molinaro, dans le délicieux rôle du père de Jenny, puis Cara Seymour, qui joue sa maman. Et Emma Thompson, qui tient le rôle de la directrice d’école. Magnifique, une fois de plus. Quelle classe, et quelle prestance, toujours.
Ce film m’a d’ailleurs permis de confirmer que c’est définitivement une époque à laquelle j’aurais aimé vivre à l’âge adulte, mais pour des raisons on ne peut plus superficielles: la mode, les vêtements, les souliers, les coiffures. Qu’est-ce que les gens avaient de la classe, étaient élégants.
Petite note à Julie L.: une recommandation que je suis certaine que tu apprécieras, à voir avec ton amoureux. Enjoy! 😉
Réal.: Lone Scherfig, Angleterre, 2009. C’est la même réalisatrice qui nous avait donné, entre autres, ‘Italian for Beginners’, film du dogme #12, en 2002.
Inglourious Basterds
Je l’ai assurément déjà écrit, j’aime beaucoup le cinéma –et la folie/l’imaginaire- de Tarantino.
Mais cette fois, j’avais vu la bande-annonce et le popcorn m’était un peu resté coincé dans la gorge, à cause de l’intense violence qui s’en dégageait.
Et je m’étais, tout bêtement, convaincue que je n’irais pas voir son dernier film. Car il m’apparaissait trop violent, trop gratuit. Et que je ne m’en sentais donc pas capable.
Qu’est-ce que je suis contente d’être revenue sur ma décision. J’aurais manqué un grand moment de cinéma.
Merci à MH, au bureau, qui m’a témoigné son intérêt pour le film, malgré la grande violence. Et qui m’a suffisamment intriguée pour me donner le goût de m’y rendre à mon tour, ayant pris bonne note de ses mises en garde (tel que la scène du soldat au ‘bat de baseball’).
Dès le générique, je suis happée par l’histoire, l’univers graphique et ‘cartoonesque’ de Tarantino (ses sous-titres, la présentation de ses personnages, ses enchaînements). Et malgré la longueur du film (2h33 min), je n’ai pas décroché deux secondes, complètement rivée à l’écran, inconfortablement assise sur le bout de mes fesses, malgré moi. Et faute à Tarantino.
Rarement film n’est plus captivant, du début à la fin. Et que dire de ce début: cette interminable scène où l’on fait la connaissance du ‘Jew Hunter’, hallucinant Christoph Waltz, sur les épaules duquel repose en grande partie la crédibilité du film, je dirais.
En gros, un chassé-croisé qui se passe en France, pendant la 2e guerre mondiale, entre des nazis allemands qui font la rencontre d’un bataillon juif-américain -sans peur et sans regret- qui a décidé de semer la panique et de les faire souffrir, et mourir. Ou l’un ou l’autre, à leur propre choix d’ailleurs.
Brad Pitt y est également excellent de drôlerie, dans l’improbable rôle du sudiste lieutenant Aldo Raine. L’homme qui veut des scalps. Beaucoup, de scalps. Et qui a le plus délicieux, mais ô combien grotesque, accent.
On y fait la rencontre de personnages satellites tels que la belle Shosanna (très bonne Mélanie Laurent), jeune juive sortie miraculeusement indemne des griffes des nazis (mais dont la famille n’a pas eu la même chance), et qui décide de refaire sa vie en France, avec des grandes ambitions cinématographiques –et graphiques- devant elle.
Et la belle Diane Kruger, très convaincante dans le rôle d’une cantatrice allemande. Et de plusieurs autres personnages aussi colorés qu’animés par leurs causes respectives, qu’elle soit allemande, anglaise, américaine ou simplement personnelle. Dont le talentueux Daniel Brühl, qui crevait l’écran dans ‘Good Bye Lenin!’ et le fait encore cette fois-ci, dans un tout autre rôle, cette fois.
Des scènes d’anthologie… Celle du début, bien sûr, celle de Brad Pitt et ses amis du bataillon de ‘basterds’ qui expliquent à un lieutement nazi fait prisonnier les ‘choix’ qu’il a, puis sa rencontre avec l’homme au célèbre ‘bat de baseball’, celle du restaurant, avec Mélanie Laurent et son strudel au pomme, celle du petit bistro souterrain avec le petit jeu de devinette, celle du film du ‘héros de guerre’ et bien sûr, bien sûr, le fantasme ultime de la 2e guerre mondiale: la dernière scène. Qui nous en donne, à elle seule, bien plus que pour notre humble pécule. Et tant d’autres…
Autre plaisir: les dialogues, qui passent de l’anglais au français, puis à l’allemand, et retour au français et à l’anglais, pour ensuite nous faire dans l’italien. Certains comédiens maîtrisant d’ailleurs TOUTES ces langues, tel Christoph Waltz. Vraiment impressionnant, Er Mister…
Un film puissant. À l’humour toujours aussi cynique et cinglant, efficace, à la caméra volontairement perverse et habile, au rythme incroyable –et soutenu- malgré la durée.
C’est très, très violent. On ne s’en sort pas. Mais l’intérêt du scénario, des dialogues, du montage et du rythme, du jeu des acteurs, nous permet de passer un peu par-dessus. Je dis bien un peu. Mais en même temps, comme c’est un film de guerre, et de la 2e guerre mondiale, en plus… le contraire serait aussi surprenant que de maigrir et/ou retrouver la santé en mangeant du fast-food, non?
Quentin Tarantino, É.U./Allemagne, 2009.
Juno
Pour en avoir entendu tellement parlé, franchement, j’ai pensé être royalement déçue ou au mieux, rester indifférente.
Mais tout au contraire, quelle belle découverte, quel rafraîchissant film et surtout, surtout, quel incroyable casting et savoureux dialogues.
Partant d’un sujet encore tabou il n’y a pas si longtemps (adolescente de 16 ans à peine qui tombe enceinte), mais traité de façon déconcertante de simplicité et de véracité, je dirais. Dans le sens de justesse du propos et du jeu, et non de vérité/morale puisqu’il n’y en a pas, heureusement d’ailleurs.
J’ai vu ce film ce printemps avec ma copine Jani, et nous avions toutes deux beaucoup apprécié. Je l’ai revu la semaine dernière en vacances à la plage, et même si la fatigue l’a emporté (ben quoi! les vacances c’est fait pour ça, non!?!), j’étais contente de le revoir et le charme opérait toujours.
Les comédiens sont vraiment bons. D’une sensibilité et d’une crédibilité rares. Chacun vivant cette histoire, et les répercussions qu’elle a sur eux, à leur propre façon puis les uns avec les autres, mais sans se raconter d’histoire ni s’en faire croire. Pas d’invraisemblance ni de situations forcée, ça coule et on y croit, on est touché et on rigole aussi. Parfois tout à la fois, parfois tour à tour.
Ellen Page est vraiment incroyable dans le rôle-titre, bien appuyée de son compère, joué par Michael Cera (que je ne me souvenais pas avoir vu auparavant). Même Jennifer Garner, que trouve habituellement plutôt ordinaire, y est bonne.
Deux mentions spéciales également pour la belle-mère et le papa de Juno, joués par les excellents Allison Janney et J.K. Simmons. Quel duo et surtout, quel couple invraisemblable mais tellement plausible et complémentaire ils réussissent à former.
Le film a reçu cette année le Oscar très mérité de «Best Writing, Screenplay Written Directly for the Screen», tel qu’écrit par Diablo Cody.
Réal.: Jason Reitman, Canada, 2007.
PS – Mention spéciale #2 pour le générique, qui est inventif, beau, interactif…
Je crois que je l’aime
Pas un grand film, ni un film d’auteur du reste, mais le pendant français des comédies romantiques américaines, avec un peu plus de «viande» et d’intérêt en prime, disons.
Ainsi que de (vrais) grands acteurs, j’ai nommé Vincent Lindon et Sandrine Bonnaire. Qui y sont tout à fait crédibles et agréables.
C’est l’histoire d’un riche président d’une multinationale de télécommunication qui tombe (très) subitement amoureux d’une artiste de la céramique qui vient réaliser une mosaïque au rez-de-chaussée des bureaux de son entreprise. Mais qui, échaudé par une relation/désillusion précédente, fera suivre l’artiste par un détective-privé pour s’assurer de l’intégrité de celle-ci.
C’est bien, c’est bien joué, c’est agréable. Un bon divertissement.
Moi, ce qui m’a le plus marquée au passage, c’est une jolie citation d’un des personnages du film, le «célèbre Professeur Della Ponte», une prétendue sommité en la matière (joué par Venantino Venantini), qui citera à son tour son ami Francis Ford Coppola, en affirmant: «Toute création est une victoire sur la peur.» «Et on pourrait dire aussi la même chose sur l’amour», d’ajouter le dit Professeur.
Eh bien voilà, il ne m’en fallait pas plus pour capter mon attention, et mon intérêt.
Réal.: Pierre Jolivet, France, 2007.