Ça doit bien faire un an, jour pour jour, que je tente par différents moyens de voir ce film, chaque fois (de façon évidente!), sans succès. Mais cette fois-ci fut la bonne. Et je n’ai rien perdu pour avoir attendu, comme le veut l’expression consacrée.
À prime abord et de mémoire, je m’attendais à un film sur le racisme. En fait, il s’agit davantage d’un film sur les préjugés et les multiples et insidieuses formes qu’ils prennent. Chez tous et chacun, sans exception j’ajoute, car personne n’est malheureusement à l’abri de son propre jugement et de celui des autres.
C’est également un habile chassé-croisé d’histoires assez imprévisibles, qui nous démontre de façon très percutante l’effet que les gens peuvent avoir les uns sur les autres, de façon volontaire ou non, consciente ou non, préméditée ou non. On y prend également conscience à quel point la ligne est mince entre «tout va bien» et «tout bascule» subitement…
Il y a un tel climat de tension qui est habilement maintenu tout au long du film. Et à moins d’être voyant(e), je pense que l’on peut difficilement prévoir ce qui va se passer ensuite, car aucune logique n’est à l’origine de ces événements, tout comme les préjugés qui en sont généralement (et totalement) dépourvus.
Tous les comédiens sont bons, sont convaincants, nous entraînent dans le récit tête -et coeur- premiers. Comme je viens de dire tous, je dois donc préciser que ceci s’applique même à Sandra Bullock, qui n’est pas ma comédienne préférée, disons, dans un rôle assez inusité versus son registre habituel. Don Cheadle (qui joue un détective), Matt Dillon (un policier) et Thandie Newton (l’épouse d’un réalisateur) tiennent respectivement tous -et de très belle façon- des personnages remplis de nuances et de contradictions, ce qui fait partie intégrante de l’intérêt du scénario.
Le genre de film qui, pour mon plus grand plaisir, nous laisse un peu déstabilisé, qui nous remet en question et nous donne beaucoup de matière à réfléchir. Troublant, on peut le dire!
Réal.: Paul Haggis, É.U., 2004 (il a beaucoup écrit pour la télé précédemment, dont plusieurs épisodes de «Thirtysomething» et «Due South» et c’est également lui qui a écrit le scénario de «Million Dollar Baby»).
Catégorie : De mes yeux vu
Tele-retro
Depuis quelques années que je le voyais annoncé, cet annuel week-end télé-rétro, et que je me disais que je devrais bien aller y faire un tour. Même si je ne suis pas une grande nostalgique, les émissions de ma jeunesse m’ont assez marquée (et intéressée) pour que j’aie envie de les revoir. Et c’est ce que j’ai fait, le week-end dernier, avec ma copine Julie.
C’était vraiment trop drôle de les revoir, les «Demetan et Renatan», les «Schtroumpfs», «Rémi» (que j’ai peu connu, par contre, c’était un peu après mon temps) et bien sûr, bien sûr, l’unique, coquine et rêveuse «Candy»!
Il y avait tout un horaire étalé sur deux jours, incluant également les célèbres «Goldorak», «Albator», «Chapi Chapo», «Petit Castor», «Vicky le Vicking», «Mini-fée», «Chaperonnette à pois» (etc.), de notre enfance.
À ma grande surprise, j’étais vraiment contente de les retrouver ainsi pendant un petit moment, dans le pittoresque (et quelque peu défraîchi) Théâtre National, rue Ste-Catherine, dans l’est. Lieu par excellence pour l’occasion, datant lui aussi. Et quoique l’on y soit très mal assis, le petit côté doublé-historique ajoutait à l’intérêt de la chose.
Ce n’est pas des blagues… je me souvenais intégralement des chansons du début ET de la fin de «Candy». On est kétaine ou on l’est pas!?! «Demetan», par contre, comme c’était en japonais (je crois!?!), c’est davantage l’air que j’avais retenu, avec sa petite mélodie à la flûte. Mais qu’est-ce que c’était triste, voire même tragique, cette émission! My god!!! Pauvre petite grenouille, qui se fait taper et insulter à qui mieux-mieux. J’avais quasiment le moton!
Malgré une technique très dépassée (vs les moyens d’aujourd’hui, s’entend), j’ai retrouvé avec émotion ces petits bouts d’émission pour ce qu’elles nous apportaient de mieux, je crois, à l’époque: des émotions, des vraies, de l’imagination et du rêve. Ce n’est probablement pas tout le monde qui a embarqué de la même façon, dans le temps, mais tous ceux qui ont écouté ces émissions s’en rappellent probablement encore.
À ma (2e) grande surprise, il y avait autant d’hommes que de femmes. Je ne sais pas pourquoi, en faisant la file, je me disais qu’il y aurait sûrement plus de femmes. Comme quoi les souvenirs n’ont pas de sexe! Ou le sexe n’a pas de souvenirs? Ou plus simplement, je suis remplie de préjugés, malgré moi!
Un petit moment très agréable, donc, qui a passé vraiment très vite. Je serais restée pour quelques autres présentations, finalement. Mais bon! Je pourrai toujours y retourner l’an prochain, si j’en ai toujours envie…
Week-end Télé-Rétro, présenté par «dep» et «Imavision distribution».
La 4e
Quoi de plus agréable que de trouver, par un heureux hasard, un billet de 20$ dans une poche de manteau en y plongeant machinalement la main, quelques mois plus tard?
La réponse: constater, subitement et avec émerveillement, lors d’une visite au vidéo du coin, que la 4e saison de 6 FEET UNDER est déjà disponible!
Et encore plus, de réaliser qu’on le savait, en fait, mais que pour une raison aussi obscure qu’improbable, on l’avait oublié! (volontairement ou non, ça, l’histoire ne le dit pas…).
Définitivement le genre de trouble de mémoire que l’on se pardonne très facilement. Que l’on relègue même au rang des «choses positives», si ça se trouve…
Et ça se trouve!
Corpse Bride
Le dernier film de Tim Burton, dont j’affectionne particulièrement l’imagination débridée et l’immense talent de direction artistique (valant généralement, à lui seul, le déplacement).
Une histoire que j’ai suivie avec curiosité et intérêt, malgré le certain malaise ressenti au départ: quand, après le générique, les personnages se sont subitement mis à chanter, au lieu de parler! Je n’avais pas lu sur le sujet, comme je fais généralement avant de voir un film. Je ne savais donc pas qu’il s’agissait d’un film d’animation virtuelle avec, en prime, plusieurs chansons et un traitement de style comédie musicale. Mais finalement on s’habitue, et ce ne sont que des prestations ici et là. D’ailleurs, la trame musicale est très bonne et très variée.
Comme c’est souvent le cas pour des films d’animation (les bons, j’ajouterais), le «casting» est impeccable. On dirait même que les personnages finissent par ressembler aux comédiens qui les animent par leurs voix. Johnny Depp tient le rôle principal du fiancé, Victor, Helena Bonham Carter est Emily, la «mariée cadavérique» et Emily Watson, qui complète le tableau, dans celui de Victoria, la fiancée en titre, en chair et en os.
L’histoire est simple (quelque peu farfelue) et intéressante: un fiancé, à la maladresse aussi grande que le cœur (qui est énorme, je précise en passant), se retrouve tout à coup plusieurs pieds sous terre, après avoir malencontreusement pratiqué ses vœux de mariage et ayant, du même coup, réveillé les ardeurs (et aspirations déçues) d’une défunte et dévastée fiancée. Un scénario assez original, sympathique, malgré le macabre sujet apparent. Très bien produit et réalisé. C’est tellement bien fait. Les dessins, l’animation, le style si caractéristique de Burton, les couleurs. Vraiment très beau.
Bizarrement -et ça m’a intriguée tout au long du film-, j’ai trouvé que le personnage féminin principal, «la mariée», ressemblait comme deux gouttes d’eau à une actrice bien connue. Mais qui? MAIS QUI??? Finalement, j’ai trouvé: Émanuelle Béart!!! Bon, c’est peut-être mon imagination, mais vraiment, je lui trouve de grands airs de famille (surtout les yeux et la bouche).
Mine de rien, un sujet qui nous réconcilie un tout petit peu avec le difficile concept de la mort, qui en profite même pour nous causer d’amour, d’intégrité, de respect et donc aussi, à l’inverse, de sentiments beaucoup moins enlevants tels que la méchanceté, la trahison, etc.
Réal.: Tim Burton, U.K., 2005.
De battre mon cœur s’est arrete
Le dernier film que j’ai vu dans ma cuvée 2005 du FNC.
Il s’agit d’abord de toute une prestation de la part de Romain Duris (Tom), surtout pour un premier rôle aussi dramatique et intense. Tom est un jeune homme dans la fin vingtaine qui est déchiré entre suivre les traces de son père et continuer ses magouilles dans le monde de l’immobilier et entreprendre une nouvelle carrière comme pianiste, à l’image de sa défunte mère qui lui a apparemment légué une bonne partie de son talent. Duris est tellement convaincant dans son rôle, il nous donne l’impression de le connaître, presque.
Le film est très violent. De la violence crue, car réaliste et remplie de proximité. J’ai souvent eu le réflexe de me fermer les yeux et même de me recroqueviller un peu, comme pour éviter un coup.
L’histoire est intéressante et nous accroche dès les premiers instants du film. La tension et l’atmosphère sont maintenues tout au long. On ne sait trop ce qui va arriver, et on craint le pire. Nous suivons Tom dans ses choix, ses déchirements et ses rêves.
Tous les comédiens sont bons. Niels Alestrup, qui joue le père de Romain Duris, est d’un pathétisme et d’une mauvaise foi navrante. Il nous démontre avec style (je ne peux utiliser le mot « grâce » dans les circonstances) qu’alors que certains vendraient leur mère pour un peu d’argent, d’autres, pourraient en faire tout autant, même avec leur progéniture chérie … Enfin! C’est MON interprétation! Les deux comparses et amis de Tom, Fabrice (Jonathan Zaccaï) et Sami (Gilles Cohen) lui donnent une réplique mordante et percutante, à l’image de leurs rôles respectifs.
J’ai particulièrement aimé les jeux de pouvoir, la fine ligne entre honnêteté et escroquerie, parfois, la volonté et le courage des individus qui peuvent être plus forts que leurs propres ambitions, même démesurées. Et la place de la vengeance -et de la loyauté- dans tout ça. La caméra suit simplement les acteurs dans leurs aventures. Le rythme y est soutenu, rapide, plein de mouvements et rebondissements. Efficace.
La musique tient également une grande place dans l’histoire, à travers Tom et son retour au piano, ce qui fait un formiable contraste à la dureté des propos et des événements. Idem pour sa professeure, une jeune virtuose chinoise récemment arrivée en France, et la relation qu’il entretiendra avec elle qui sera tout sauf facile, et à l’opposé de ce qu’il connait généralement.
Il s’agit d’un remake d’un film américain de 1978, « Fingers » de James Toback. Que je n’ai pas vu. Alors je n’aurai pas le loisir d’en dresser un parallèle, quel qu’il soit. Ce qui est tant mieux, ou tant pis, que sais-je moi?, dans les circonstances… Mais comme il est très rare que les remakes soient faits par des Français (vs des Américains, en plus), j’y vais d’un coup de dé -et d’une énorme généralité- en pariant que celui-ci est meilleur! Juste pour le plaisir de la chose!
Réal.: Jacques Audiard, France, 2005.