Une belle découverte de 2005. Un film différent, intéressant, rafraîchissant. Un heureux mélange entre le vidéo-clip, le pseudo-documentaire et le film d’auteur.
Une histoire simple et attachante, comme la réalisatrice et principale protagoniste.
L’histoire de Christine (jouée par Miranda July), une jeune femme à la recherche de l’amour et une artiste (toujours la même personne) à la recherche de l’inspiration et de succès (et à la démarche des plus éclatée et intègre). Au total, une personne en mal d’amour, de reconnaissance, de bonheur tout simple. Qui fera la rencontre d’un homme (John Hawkes) tout aussi en mal d’amour et de bonheur, à travers sa vie personnelle et sa nouvelle famille éclatée. Probablement ce fameux (et apparemment universel) besoin de toucher quelqu’un et d’être touché en retour, de faire une différence.
Impossible de deviner ce qui va arriver ensuite, à l’image du scénario. On a tellement l’impression qu’il s’agit d’improvisation. Et on s’en fou, en fait. On a pas envie de deviner, on a juste le goût de se laisser porter et de découvrir ce qui va arriver ensuite. C’est pourquoi je ne trouve ni pertinent, ni intéressant, d’en raconter davantage. Mais c’est cousu de petites anecdotes drôles, de petits flashs simplement délicieux.
Rempli d’humour, de dérision et d’auto-dérision, de folie douce et de pudeur. D’intelligence, aussi. Comme quoi, encore une fois, une belle histoire toute simple vaut pafois beaucoup plus que de grands moyens.
Après le film, on garde une impression de légèreté, un sourire, un sentiment de joie et même, de plénitude. Très agréable -et rare- comme sentiment. Bravo!
Réal.: Miranda July, É.U., 2005.
Catégorie : De mes yeux vu
La vie avec mon pere
Le 2e long métrage de ce réalisateur, après l’amusant et éclaté «Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause».
Un 2e film également bien réalisé. Avec de très bons comédiens, dont David La Haye, Paul Ahmarani et Raymond Bouchard, dans le rôle titre. Les deux premiers incarnant bien entendu les fils (diamétralement opposés) de ce dernier. Ces trois personnages se retrouvant presque malgré eux au retour du père et à l’annonce de la maladie grave de celui-ci. Pour une dernière tentative de rapprochement, malgré leurs personnalités et intérêts si divergents.
De bonnes prestations d’acteur. LaHaye est froid et calculateur, Amharani perdu et confus et Bouchard bon vivant et émouvant, à l’image de leurs personnages respectifs. Ils nous font embarquer très vite avec eux dans l’histoire. Hélène Florent joue la (presque) seule femme dans cette histoire, qui devient tour à tour la blonde, la psychologue, l’infirmère, la confidente. Le mythe entretenu (et sublimé) de la femme par excellence, peut-être?
Un scénario intéressant, bien rendu, mais un peu cliché. Un peu convenu. Des scènes et des moments touchants, mais au total un peu décousu. Je pourrais ajouter un peu trop macho à mon goût, mais comme il s’agit de la base même de l’histoire (celle de ces trois hommes, plutôt machos), j’imagine que c’est un peu à côté de la traque, comme commentaire. Ou un «given», disons!
À nouveau, j’ai aimé la caméra. Les scènes sont très épurées côté couleur, beaucoup de blanc, de bois. La lumière est très belle. Plusieurs plans de Montréal sont magnifiques. La trame musicale complète fort bien le tout, empreinte de classique et d’opéra.
Réal. et co-scénariste: Sébastien Rose, Québec, 2005.
Brodeuses
Un autre film issu de la cuvée 2004 du FCMM, maintenant disponible en location.
L’histoire de deux femmes à la croisée inverse de leurs chemins respectifs: la plus jeune, Claire (Lola Naymark), une toute jeune femme célibataire qui apprend qu’elle est enceinte et Mme Mélikian (Ariane Ascaride), une femme d’âge mûr qui vient de perdre son fils. L’une n’a plus rien à perdre et l’autre, pas très envie de gagner quoi que ce soit.
Malgré ces oppositions, plusieurs choses les rapprochent déjà. Leur passion commune pour la broderie, d’abord, mais aussi leur grand talent, leur force tranquille. Bientôt, naîtra entre elles une belle complicité, à l’image et au rythme des œuvres qu’elles confectionnent, d’abord en parallèle puis à quatre mains.
Les comédiennes sont un pur ravissement. Cousues de retenue, de nuances, de regards si intenses. De silence, aussi, ce qui n’est certes pas la chose la plus facile à rendre tout en les empreignant de sens.
La musique et leur art forment la trame sonore et la toile de fond de leurs échanges. C’est plein de sous-entendus, de tendresse, d’affection, malgré d’austères apparences.
Ce film m’a beaucoup charmée, tout comme les magnifiques œuvres des deux principales protagonistes, qui sont une réelle découverte sur l’évolution de ce métier artisanal et traditionnel.
Une très belle ode à la vie, l’amour et la filiation.
Et un bel exemple qu’on peut encore réaliser et produire de bons films, avec peu de moyens et sans artifice aucun.
Réal.: Éléonore Faucher, France, 2004.
Groundhog Day
Je commence donc l’année en grande, en kétainerie et en beauté!
J’ai toujours aimé Bill Murray. Je le trouve (dans l’ordre ou dans le désordre) drôle, attachant, sincère, émouvant, délirant. J’adore son air faussement blasé.
C’est lui qui fait -à lui seul, je veux dire- l’intérêt de ce classique qui repasse systématiquement à la télé chaque hiver (et plus spécialement dans le temps des Fêtes). Il joue Phil, un gars qui fait la météo pour une chaîne de télé, chiant et on-ne-peut-plus-prétentieux, qui se retrouve à revivre la même journée ad nauséam, en fait jusqu’à ce qu’il décide de devenir une personne plus intéressante, plus gentille et ouverte aux autres. Bon, c’est moralisateur à souhait, mais vous savez quoi? C’est quand même bien fait, touchant, drôle et ce n’est pas racoleur.
J’aime ce genre de film sans prétention, avec une histoire complètement farfelue, rempli d’humour, de charme simple, de folie douce. Phil passe par tous les spectres des émotions et des réactions, de l’hypocrisie à la mauvaise foi, la colère, la dépression, l’hystérie, la résignation, la folie, etc.
C’est certainement grâce à cette prestation de BM (tiens, c’est drôle, ça! je viens de réaliser que nous avons les mêmes initiales) que je me le retape presque chaque an. Et à ma grande suprise (je l’ai revu cette semaine), ça me fait encore sourire et même rire!
Quoi de plus agréable que de commencer l’année de façon rigolote et réconfortante.
D’ailleurs, à ce propos, je vous en souhaite une très belle… remplie de santé et de bonheur. L’essentiel, quoi.
Réalisateur: Harold Ramis (qui a notamment écrit les célèbres «Ghost Busters»), É.U., 1993.
A la petite semaine
L’histoire de Jacques (l’éternellement sexy Gérard Lanvin), qui, à sa sortie de prison, revient à son petit village pour retrouver sa vie et ses copains, dont Francis (touchant Jacques Gamblin) qui s’est lui-même fait un nouveau pote, l’excessif et bavard Didier (surprenant Clovis Cornillac). Sa tentative de mener maintenant une vie tranquille et normale, malgré son passé de malfaiteur. Le temps passe… mais est-ce que les gens changent -ou peuvent changer- vraiment?
Le film n’est pas mauvais, mais c’est loin d’en être un grand. Le scénario est un peu simpliste, décousu. Beaucoup de déjà-vu. Malgré l’intéressant découpage qui s’échelonne sur une semaine, divisé par journée, l’ensemble manque un fil conducteur solide. En fait, on a un peu l’impression de suivre plusieurs petites histoires en parallèle. Qui sont parfois jolie, parfois tristounette et parfois encore un peu quelconque.
Les acteurs sont tous très bons et portent, tour à tour, le film sur leurs épaules. Ils nous donnent quelques bons moments d’intensité, à travers leurs prestations, et nous font embarquer sporadiquement dans le récit. Malgré tout, on débarque ensuite presqu’aussi vite. Mais ce n’est pas de leur faute, je tiens à le souligner!
À regarder quand on a envie de tout sauf «se casser les nénettes». Et quand on veut un peu d’action, mais pas trop.
Réal.: Sam Karmann (qui a également réalisé «Kennedy et moi»), France, 2003.