Catégorie : De mes yeux vu

Open Hearts

FINALEMENT, je l’ai vu! Ce film que j’avais manqué au FCMM il y a déjà quelques années et qui est maintenant disponible en location.
Un film réalisé selon les règles du Dogme, le 28e en titre.
Une histoire qui commence si bien… celle d’un jeune couple, très amoureux, qui est si subitement et brusquement séparé par le destin, suite à un grave accident. Le jeune homme en restera paralysé. La jeune femme, elle, se liera d’amitié avec le médecin et mari de la responsable de l’accident.
La caméra est souvent en mouvement, lentement, utilisant de longs plans. Un montage et un traitement simples, efficaces, qui nous plongent dans une atmosphère très réaliste et des émotions presque palpables. Les plans ralentis et flous, insérés à travers le récit, nous permettent de comprendre les envies et les désirs profonds (et cachés) des protagonistes. J’aime bien ce genre de parallèles, qui nous rendent presque complice.
Un film d’amour et de déchirement. Une histoire de laisser-aller, de recommencement. Où l’on apprend à regarder, toujours, en avant. Et à trouver -peut-être- l’amour, là où on s’y attend (mais alors là, vraiment!) le moins… et où l’égoïsme peut prendre de surprenantes facettes.
Les comédiens sont très bons, très crédibles, parfois dérangeants. Le formidable Nikolaj Lie Kaas, qui joue Niels, l’amoureux qui subira l’accident, Sonja Richter, douce et émouvante, qui joue sa compagne, Cecilia, de même que l’excellent Mads Mikkelsen dans le rôle du médecin et Paprika Steen, qui incarne avec conviction sa femme. De très belles prestations, qui semblent souvent relever du documentaire, tellement on y croit, et malgré la grande singuliarité des événements.
Qu’est-ce que j’aime ce genre de films. Qui me confirment, chaque fois, pourquoi j’avais tellement envie de les voir. Et depuis si longtemps, dans ce cas précis. Du cinéma vrai, touchant, sans artifice.
Réal: Susanne Bier, Danemark, 2002. 
P.S. C’est plus fort que moi, il faut que j’en parle!: je ne savais pas que «Paprika», cette pseudo-épice si mystérieuse et méconnue (tiens! on dirait presque un titre d’article du célèbre Reader’s Digest), était également un prénom Danois. Hmmmmmm!

Les Oscars

Revoici venu le joyeux temps de cette annuelle et grandiose cérémonie. Et avec elle, chaque année, une certaine excitation, en ce qui me concerne (quoique moins intense maintenant, vs il y a 10-15 ans, par exemple).
Je suis une grande amoureuse du cinéma. Même si j’avoue un fort penchant pour celui de l’Europe, le cinéma américain produit de très bons films. Mais en épluchant la liste des nominations, chaque année, je suis (de plus en plus?) étonnée par celles-ci. J’ai comme l’impression que soit il ne se fait plus de grands films, qui me semblent dignes de tels honneurs, soit les choix actuels sont davantage représentatifs de succès commerciaux, du statut/succès de leurs artisans (réalisateurs, producteurs, acteurs) ou simplement de choix politiques, disons.
Mais reste que, quand même, à la mesure des millions de millions qu’ils investissent dans leurs productions cinématographiques, les américains ont les moyens de nous servir de grands spectacles pour les souligner et les récompenser haut et fort. Et moi, j’aime ça. Ça fait partie de mon (incommensurable) côté kétaine, je l’avoue une fois de plus.
Autre bémol: je trouve que les animateurs sont moins bons, moins drôles et moins percutants que par le passé. Un de mes «all-time» préférés ayant été Billy Cristal.
Et aussi, les Oscars, c’est une énorme et incroyable machine à rêve, à robe et habit de gala, à compétition -à grands coups de millions-, à rire et à larmes… à spectacle, quoi.
C’est ce que c’est pour moi, en fait: un beau gros «show» qui parle de cinéma, qui nous présente les acteurs-trices qui nous ravissent, les artisans que l’on connait trop peu et qui sont trop peu reconnus en comparaison de leur talent et de leur travail, et qui est rempli d’émotion.
Et moi, l’émotion, c’est ce qui me touche, me fait vibrer… comme le cinéma, finalement (entres autres).
En terminant, quelques flashs de la 78e édition:
– Une belle surprise pour «Crash», nommé film de l’année;
– Un oscar bien mérité à Ang Lee, pour la meilleure réalisation- «Brokeback Mountain»;
– Un autre, tout aussi mérité, pour la meilleure adaptation du scénario – toujours pour «Brokeback Mountain»;
– Enfin! Philip Seymour Hoffman est récompensé à sa juste valeur, cette fois-ci pour sa dérangeante prestation dans «Capote» (rôle-titre);
– Une grosse déception: Felicity Huffman qui n’a pas remporté le prix de la meilleure actrice pour son époustouflante prestation dans «Transamerica»;
– Une autre déception: Matt Dillon, qui méritait tellement le prix du meilleur acteur de soutien pour sa déstabilisante prestation dans «Crash»;
– Les Meilleur montage et meilleur scénario original, tous deux très mérités, vont à «Crash»;
– Même si j’ai beaucoup aimé «Corpse Bride», je suis ravie que Nick Park ait été récompensé pour son fabuleux travail d’animation, avec «Wallace & Gromit in the curse of the were-rabbit»;
– Pour le reste, une cérémonie plutôt linéaire, en accéléré, sans controverse ni surprise, animation correcte mais sans plus. Édition plutôt ordinaire, donc. Mais les acteurs et les actrices étaient tous très beaux et belles, ce qui est toujours agréable… Mais, à ce sujet, il manquait les Susan Sarandon, Tim Robbins et Sean Penn, entre autres, que j’affectionne tant!

Broken Flowers

Avec l’excellent Bill Murray. Qui continue de me surprendre, et de me plaire. Que l’on retrouve cette fois dans un rôle plutôt inhabituel. Mais qu’il rend, à nouveau, de très belle façon. Toujours aussi singulier, et un peu vieilli.
Un film qui tient presque du théâtre, ou plutôt du cinéma contemplatif. Avec de grands silences, de longs plans fixes mais sans être statiques, des questionnements muets, des réflexions qui le sont tout autant.
L’histoire de Don (BM), un éternel tombeur et célibataire, qui reçoit une lettre anonyme lui annonçant qu’il a un fils de 20 ans, qui serait apparemment à sa recherche. Et qui part pour un «road trip», organisé par son très volontaire ami et voisin (Jeffrey Wright), à la recherche de l’ex et mère de cet enfant mais aussi, de la relation perdue qui aura finalement laissé des traces, contre toute attente.
Les personnages sont tous très attachants, particulièrement son voisin et même les nombreux enfants de ce celui-ci. Les dialogues sont courts, simples, mais tellement remplis de sens. Des petits bouts de vie raccolés les uns aux autres. Des moments parfois tendres, parfois touchants, parfois rigolos et même un peu surréalistes.
Un scénario sur la vie, sur les actions que l’on pose et, à l’inverse, les regrets pour ceux que l’on n’a pas posés. Sur l’importance du ici et du maintenant. Sur le but ou les désirs profonds que nous avons et les moyens de les réaliser, avant qu’il soit trop tard. Qui aborde les thèmes de l’amour, de l’engagement, de la filiation. Sur le sens que chacun peut et veut donner à sa propre vie.
Les petites histoires d’amour révolues que le Don revisite sont presque accessoires, en fait. Elles nous racontent, chacune à sa façon, des moments dans sa vie. Et des facettes de Don. À travers de très bonnes comédiennes, dont Frances Conroy, Jessica Lange, Tilda Swinton et Sharon Stone. Assurément, malgré ce qu’il peut penser, Don n’aura laissé aucune d’elle indifférente…
Est-ce que ce n’est pas cela, au fond, que nous désirons tous? Au-delà des accomplissements, des succès, des réussites… De savoir que nous avons fait une différence, que nous avons réussi à (vraiment) toucher des gens qui ont habité notre vie?!?
Réal.: Jim Jarmush, É.U., 2005.
P.S. La trame sonore aussi est très bonne, composée de différentes pièces, anciennes et plus récentes, dont quelques-unes des Greenhornes et de Kulatu Astatke.

Cache

Un autre film sorti tout droit du FNC en octobre dernier. Un film très attendu, dont j’avais entendu beaucoup de bien et qu’on avait même qualifié d’incontournable (petit clin d’oeil à Julie, ici, ma complice cinoche par excellence!!!).
D’où une partie de ma déception, probablement, soit de grandes attentes. Mais pas seulement. En fait, pour être très honnête et probablement fort humble (au sens d’amateure, je veux dire), je dois avouer être vraiment restée sur ma faim. Et sur la fin. À savoir, avec un sentiment de m’être endormie et d’avoir manqué les 40 (apparemment essentielles) dernières minutes du film. J’exagère un peu, mais ça, on le savait déjà!
Un film intéressant, certes, et qui nous tient/nous intrigue du début à la fin. Avec de très bon comédiens dans les rôles-titres, soient Daniel Auteuil (mais qui en fait un peu trop, à mon goût) et la belle Juliette Binoche (très juste), dans les rôles respectifs d’un intellectuel animant une émission de télé et d’une libraire, conjoints et parents d’un jeune garçon. Ils se mettent à recevoir de troublantes cassettes montrant essentiellement l’extérieur de leur maison familiale, puis des dessins mystérieux et même quelque peu lugubres.
Un film qui aborde le thème de la culpabilité, à travers celui de la violence, mais dont je n’ai pas trop saisi le chemin emprunté ou alors, la démonstration, disons. Comme si tout ce qui est suggéré, ou latent, se révèle en fait bien peu consistant versus ce que l’on présageait. Ou alors je suis trop entourée de cette même violence, je m’y suis fait et j’en suis maintenant sinon indifférente peut-être blasée?!? (j’espère que non!).
Les dialogues sont bons, le traitement est simple, la caméra complice de la tension et de l’intrigue. Mais à nouveau, comme un certain manque de conviction.
Reste que nous sommes ressorties de la projection pleines de questions, dérangées, troublées, même. Mais non sans une certaine appréciation, donc.
Réal.: Michael Haneke, France/Autriche/Allemagne/Italie, 2005.

Entre ses mains

Un film de la cuvée 2005 du FNC.
L’histoire de Laurent, un (intriguant) vétérnaire et séducteur (surprenant Benoît Poelvoorde) qui fait la rencontre de Claire (formidable Isabelle Carré), une femme mariée oeuvrant dans le domaine des assurances. Claire et Laurent entament alors une relation très spéciale, empreinte de curiosité mutuelle, de doute, d’attirance, de peur, de secrets et peut-être même, de drames latents. En parallèle, plusieurs meurtres sont commis sur des jeunes femmes dans la petite ville qu’ils habitent. Claire a bien vite des doutes et des soupçons sur la vraie nature de Laurent. Une sorte de chasse à la souris, sans trop savoir qui est le chat, finalement.
À ma connaissance, c’est le premier rôle dramatique de Benoît Poelvoorde. Un comédien de très grand talent (c’est lui qui tenait, entre autres, le rôle de Claude François dans «Podium», récemment) dont les débuts dramatiques feront assurément histoire. De comique, fantaisiste, ironique et dérisoire, nous le connaissons maintenant sérieux, dur et même violent, intransigeant et dérangeant. Une très bonne prestation, qui nous tient assurément sur le qui-vive.
Isabelle Carré est toujours aussi bonne. C’est elle qui avait le rôle titre dans l’excellent «Se souvenir des belles choses», il y a quelques années. Je crois même qu’elle avait gagné un César pour cette interprétation d’une jeune femme atteinte d’Alzheimer!?! Mais je m’égare… Dans ce cas-ci, elle joue une femme toute simple, épouse et mère de famille, dont la petite vie rangée se voit bientôt complètement remise en question par l’arrivée de cet inconnu pour le moins mystérieux.
Un très bon thriller, rempli de nuances et de zones de gris. Comme dans la vie, quoi. Qui peut se vanter de n’être que clarté et transparence? Un film au traitement sobre, intelligent. Le rythme est lent, régulier mais efficace. La tension est palpable et habilement maintenue du début à la fin. Difficile de savoir ce qui va arriver ensuite, ce qui est une belle et grande chose dans ce genre de film.
Une histoire très humaine sur l’amour, le manque d’amour, la fragilité, l’incapacité, l’incrédulité, la folie. Et la ligne très mince sur laquelle dansent et s’entremêlent parfois toutes ces notions.
Réal.: Anne Fontaine, France/Belgique, 2005.