Énième exemple de ma cuvée 2004 du Festival du Nouveau cinéma. Le genre de film à ne pas voir, idéalement, seule un dimanche pluvieux et froid. Ce fut mon cas! Ces détails techniques ne m’ont toutefois pas empêcheé de l’apprécier. Mais l’intensité ressentie y était certainement en conséquence (et proportionnelle).
L’histoire se passe à Tel-Aviv. Or est la courageuse fille (adolescente) de Ruthie, elle-même brebis plutôt égarée et prostituée à ses heures. Le film raconte le courage de Or et ses nombreuses tentatives pour ramener sa mère à une vie plus saine, tout en s’occupant de leur survie et en essayant de poursuivre ses études. Trois buts qui ne sont pas nécessairement compatibles, du moins entrepris tous à la fois -par une adolescente seule- (jeune, vulnérable et influençable).
Ruthie est une femme et une mère attendrissante et navrante à la fois, en mal d’amour et d’oubli. Or, quoique pleine d’énergie et de ressources, réalisera tôt ou tard qu’elle ne peut changer sa mère malgré elle, même si c’est pour son propre bien. S’ajoutent à cela la dure réalité des conditions de vie de ces femmes seules dans une ville israélienne. Dans une société passablement masculine, exclusive et discriminatoire, bourrée de préjugés envers les femmes (et même de la part d’autres femmes).
Tourné très simplement, comme un documentaire, comme un constat. Pas de morale, pas de jugement. Les deux comédiennes principales sont tellement convaincantes, d’une justesse vraiment très touchante. Plans fixes, sans artifice ni musique.
J’ai beaucoup aimé ce film. J’y ai repensé longtemps (et j’y repense encore). C’est triste et dur. Même à l’autre bout du monde dans une société à mille lieues de la nôtre, les quêtes demeurent les mêmes: celles de l’acceptation, de l’amour, d’un certain bonheur. Qui flirtent avec l’espoir mais aussi le désespoir, tous deux intimement liés et si fragiles.
Une première oeuvre intense et prometteuse pour cette réalisatrice.
Réal.: Keren Yedaya, France/Israël, 2004.
Or, mon trésor
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